Nacer Boudjou
Chansons, danses, films, débats…en hommage à Slimane Azem, chanteur-compositeur berbère de Kabylie, ayant vécu et travaillé dans la sidérurgie au Pays Haut.
Pour réaliser ce Festival du Film Berbère, un show tout coloré, la coordination franco-berbère du bassin de Longwy et l’Amitié Euro-berbère de Moyeuvre, en partenariat avec la Municipalité de Longwy et le cinéma Utopolis, ont choisi deux lieux privilégiés : Utopolis de Longwy et la salle de cinéma de Longuyon. Il s’agit de sceller le parcours tracé par la Chiers où le chansonnier kabyle avait vécu.
Les yeux secs
Ainsi le Festival du Film Berbère du Bassin de Longwy a sorti de son giron deux films qui ne sont pas des moindres. Pour le premier programmé à Utopolis, il est question de ‘’Les yeux secs’’, film berbère Franco-marocain réalisé par Narjis Nejjar. La cinéaste marocaine Narjiss Nejjar née en 1971 à Tanger a réalisé deux documentaires ‘’l'Exigence de la Dignité’’ et ‘’Khaddouj…mémoire de Targha’’. Ensuite, trois films de moyens métrages ‘’Le Septième Ciel’’, ‘’Le Miroir du Fou’’ et ‘’La Parabole’’. ‘’Les Yeux secs’’ est son premier long métrage, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs-Cannes 2003, et a reçu le Grand Prix du Jury au 4ème Festival International du Film de Rabat.
Dans une terre berbère montagneuse se niche Tizi, un petit village de femmes où les hommes n'entrent que s'ils paient, pour acheter leur corps. Elles ne portent plus le voile rouge de la virginité. Elles gardent profondément en elles leur mélancolie, leur douleur et leurs yeux secs. L’arrivée dans le village d’une vieille femme, ancienne « putain de Tizi » accompagnée de son chauffeur chamboule tout le cours de l’histoire de leur quotidien. Ces intrus les détourneront de leurs habitudes, pour leur faire apprendre la pratique ancestrale du métier à tisser et de ne vivre désormais que de la vente de tapis qu’elles tisseront.
Chansons, danses…
Au prélude, avant la projection du deuxième film ‘’Slimane Azem’’ réalisé par Nourredine Chenoud, chanteur-compositeur, à la salle de cinéma de Longuyon, le public a eu le privilège de voir le spectacle de danse organisé par Taous Nesnas et ses danseuses, le groupe de danse kabyle ‘’Tiziri’’ de Moyeuvre. Puis les spectateurs se sont joints aux danseuses pour exprimer leur joie et leur adhésion à ce festival, qui s’est assigné la réhabilitation de la culture et de l’identité berbère, dans un pays aux valeurs démocratiques et républicaines.
Slimane Azem
Le film ‘’Slimane Azem’’ retrace les grandes étapes de la vie du chanteur du même nom, son exil, son itinéraire artistique. Il nous fait part des témoignages de ceux qui l'ont approché de prés, et partagé un moment de vie avec lui, telle sa nièce Chabha Azem ou Cherif Bouchama et tant d'autres... C’est à Agouni Gueghrane (Tizi Ouzou) en grande Kabylie que voit le jour ce chansonnier kabyle, le 19 septembre 1918. Il émigre tés tôt en France. D’abord à Paris en premier lieu, où il occupe un poste d’aide électricien dans le métro. Ensuite, il quitte Paris, pour rejoindre son frère Ouali en Lorraine. Ils travailleront ensemble dans une aciérie de la vallée de la Chiers à Longwy. En 1942, il est déporté dans un camp de travail forcé en Rhénanie. Slimane Azem est alors relâché en 1945. Il décide cette année-là de partir pour Paris. Il devient gérant d’un café au 15ème arrondissement. Slimane Azem est un artiste visionnaire qui habite et habitera toujours la mémoire des Kabyles. Continuellement, on le cite comme référence auprès des plus âgés, mais encore aujourd'hui auprès des nouvelles générations en raison de la véracité de ces écrits liés aux souffrances de la vie et aux douleurs d'un exil encore fort de nos jours.
Après la séance de projection du film ‘’Slimane Azem’’, Nourredine Chenoud a gratifié le public venu nombreux des quatre coins de la région, de ses plus belles interprétations ‘’A Muh A Muh’’, ‘’Assas Tala’’, ‘’Tikwal tsurgh…’’en hommage au chantre de Kabylie et de Lorraine. L’ambiance est montée d’un cran quand le public a demandé à Chenoud de chanter ses propres tubes des années 70-80, comme ‘’Ho chenoud…’’, ‘’Salamou’’… De la musique, des films, des retrouvailles, des débats… qui pourraient déboucher sur l’amorçage d’un festival berbère perpétuel, dans le bassin de Longwy.