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VIP-Blog de nboudjou
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  • Créé le : 15/02/2005 11:34
    Modifié : 17/03/2008 17:26

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    BGAYET: Grande Dame des Chandelles (partie 2)

    17/02/2005 00:03



    Par Nacer Boudjou
     
    L’origine du mot bougie est à chercher dans la ville de Bougie, actuellement Bejaia, en Algérie. Dans cette ville, l’industrie de la cire était florissante et l’on en exportait d’énormes quantités.
     
    D’innombrables événements secouèrent la quiétude des citoyens de Bgayet vers le XIIIéme siécle. Ces braves citoyens durent résister à toutes les invasions par la préservation de leur identité culturelle, linguistique, leur tolérance et leur liberté.

    Après les Al Mohades et les Al Moravides conduits par Ibn Tachfin, Ibn Tumert, Abdel Moumen, ce fut au tour des Hafcides d’ouvrir les portes de Bgayet. L’Emir Abou Zakarya (1228-1249) élargit les frontières de son Etat, dont la capitale se trouvait en Tunisie. Son successeur, le calife Abou Abdallah Al Mountaçir ( 1249-1277) signa des traités commerciaux et diplomatiques avec les pays européens. Il s’ensuivit ainsi l’ouverture des consulats Catalans, dès 1257. A la mort du calife, son frère Abou Ishaq le remplaça. Il se fit proclamé sultan à Bgayet et rentra régner sur son territoire à partir de la Tunisie. Il désigna des gouverneurs et en envoyant son fils Abou Farès à Bgayet, avec comme chambellan Mohamed Ibn Khaldoun, le grand père de l’historien sociologue Ibn khaldoun.

    En 1308, Bgayet et Majorque se brouillèrent. Barcelone profita de l’opportunité pour multiplier ses relations commerciales et diplomatiques avec Bgayet. Un traité de paix fut signé entre l’Aragon et Bgayet, avec une annexe commerciale au protocole. Les Aragonais n’ont pas hésité à louer au souverain une dizaine de galères en échange de l’utilisation de fondouks dans le port de Bgayet.

    Environ deux siècles plus tard, le 5 janvier 1510, Bgayet fut occupée par les espagnols. Une nouvelle brouille, des actes de pillage de part et d’autre et plus de quinze navires commandés par Pedro de Navarro accostèrent sur les quais du port de Bgayet. Les espagnols prirent d’abord place à Sidi Sebouki, un endroit habité par les Andalous ayant fuit Grenade en 1492. La totalité de la population évacua les faubourgs de la ville, parmi eux Cheikh Nacer Al Merin, auteur originaire des Aït Yala (Idjissan), qui eut l’insigne honneur de relater ces faits rapportés par Charles Féraud en 1864, à partir d’un manuscrit de Si Saïd Ben Ali, un citadin de Bgayet. La population fut accueillie dans les villages de la vallée de la Soummam, de Bouira-Tuviret et de Constantine. Après les escarmouches qui firent d’innombrables morts et de blessés, Don Garcia de Tolède, gouverneur de la ville invita la population d’y revenir, mais cette dernière s’abstint d’y retourner.

    Les espagnols ne quittèrent Bgayet que grâce à l’accord conclu entre Abou Bakr et les deux frères Barberousse, Arroudj et Kheirredine qui, aidés par l’Emir Moufok et Ahmed Belkadi du royaume de Koukou (Achalam) dans le Djurdjura, lancèrent un assaut sur la ville. Charles Quint conçut le projet de prendre la ville d’Alger en débarquant d’abord à Bgayet, le 2 novembre 1541, après de longs mois d’errance due au mauvais temps. Les deux frères Ottomans Arroudj et Kheireddine moururent successivement après avoir défendu Bgayet contre les espagnols. Le premier mourut pendant l’expédition dirigée par le marquis de Comores, gouverneur espagnol d’Oran, le second à Constantinople, après avoir pris poste d’ambassadeur à Marseille sous le règne de François 1er. Hassan fils de Kheireddine régna un temps, avant de se voir rappelé à Istanbul en 1552 et remplacé par Salah Raïs Ben Djaafar. Ce dernier débarqua avec 30.000 hommes sur les bords de la Soummam pour apporter son aide au gouverneur de Bgayet. Avant de mourir de la peste, il confia le gouvernement de la ville à un Agha qui le garda jusqu’en 1567, date à laquelle Bgayet fut définitivement rattachée au Beylik de l’est.

    D’après un vieux manuscrit, les espagnols détruisirent complètement les " Palais de l’Etoile " et de " la Perle ", abattant le minaret qui avait 70 coudes de haut et reconnu comme un chef d’œuvre de l’architecture de l’époque. Un tableau remarquable de Horace Vernet, dont une copie fidèle existe dans la salle de la mairie de la ville, illustre cet événement.

    Lors de nos promenades au port de Bgayet, en longeant la rue en pente glissante, on a vu une grande plaque en marbre incrustée dans le mur, au-dessus de la grande porte de la Kasbah, sur laquelle est écrit en espagnol ce dont voici la traduction : « Ferdinand V, illustre roi d’Espagne , a enlevé par la force des armes cette ville aux perfides enfants d’Agar en l’an 1509 », « cette ville a été pourvue de murailles et forteresses par l’empereur Charles Quint l’Africain, petit-fils et successeur de Ferdinand ; à Dieu seul honneur et gloire ! » C’est à l’intérieur de cette Kasbah que Mustapha Pacha a édifié une mosquée en 1797.

    L’interprète Férand, en 1859, est venu à Bgayet et a fait un constat de ce qui restait des palais édifiés par les Hammadites : « En gravissant les sentiers tortueux qui de la Qubba de Sidi Touati vont se perdre aux pieds du Gouraya, on arrive sans peine sur un plateau rocailleux recouvert d’azéroliers...De ce point se détache un contrefort sur lequel sont les ruines d’un ouvrage fortifié en ce moment envahi par la végétation...Là, existait jadis un château construit du temps de Moulay En Nacer et détruit plus tard par les espagnols. Son ancien nom était Bordj el Ahmeur, le Fort Rouge. A une époque plus récente, il fut réédifié et appelé le Bordj Bou Lila, c’est à dire le fort élevé en une nuit. On suppose que c’est de ce château orné de " mosaïques " et de peintures dont parlait Léon l’Africain (mais n’était-ce pas plutôt justement ce palais d’Amimoun dont on n’a pu retrouver l’emplacement exact ?) tout ce quartier est couvert de terreau et de rocailles d’un rouge brun très prononcé et dont le Fort a sans doute tiré son nom primitif (...) ".

    Le fort Abdel Kader est le seul édifice qui existait à Bgayet lors du débarquement des espagnols. On dit qu’il fut bâti sur des ruines romaines dispersées dans les environs. Sa construction irrégulière est différente de celle de la Kasbah et du fort Moussa ; ses murs en maçonnerie grossière, faits de pierre de taille de dimensions diverses, baignent dans la mer. La Kasbah, quant à elle, est construite en briques rougeâtres, sur les assises de l’ouvrage fortifié qui devait protéger le fort des Romains. Elle est flanquée de bastions et de trois tours massives très hautes, garnies de meurtrières. La ville s’étend sur plusieurs quartiers, les uns agrippés aux collines, d’autres logés dans le creux des vallons. On trouve Bab Al Bahar (de la marine), Aguelmim se trouvant autour de l’hôtel de la mairie, Bgayet à l’emplacement des casernes des oliviers, Sidi Bou Ali, au-dessus du cimetière chrétien, Acherchour au quartier des fontaines, Al Kenitra, autour de la Zaouïa de Sidi Touati, Sidi Abd Al Hadi, aux environs de Fort Moussa, Bab al Louz aux environs de la porte du grand ravin, Bab al Bakchi, près des grandes citernes romaines, Karaman, près de l’église transformée en mosquée, Kaâ Zenka, rue Trèzel, Houmet Ech Chikh, Sidi Abd al Hak, jardins sous la ville, entre la porte Fouka et la Kasbah, Dar Senaâ ou Si Sedik, au bord de la mer, chantier des bateaux, Aïn Illès, Aïn Bou Khelil, Sidi Haimi, à côté des cinq fontaines, Ben Derraâ, entre Aïn Illès et Aïn Amsiouen, Tighilt, entre Fort Moussa et le quartier des cinq fontaines. La ville de Bgayet comptait à l’époque 2000 habitants et 265 maisons avec 150 janissaires. Un grand nombre de ces quartiers existent jusqu’à nos jours, malgré la démolition de certains pour l’extension de la ville.

    En 1833, le général Trézel, avec ses troupes prit la ville de Bgayet. L’expédition fut préparée le 20 septembre, arrivée prévue le 29 septembre 1833 au point du jour. Le 27 septembre, elle arriva à l’île Minorque. Le débarquement et la prise furent effectués par l’Arc de Triomphe, " Bab al Bhar ". La conquête fut achevée après un combat de sept jours. Avant la prise de Bgayet par les français, des navires ont croisé au large des côtes. En 1831 un brick de l’Etat fit naufrage au large de Bgayet. Dans la même année de 1832, face au refus par l’autorité marine locale, un brick anglais, " le Procris " et un autre français, " le Marsouin ", furent obligés de s’éloigner de la côte. Durant cette année aussi, des marins de la " Béarnaise " avaient pu visiter Bgayet ses annexes. Les français s’installèrent à Bgayet parcimonieusement en observant une certaine frilosité à l’égard de la culture originelle. Les citadins, fiers de l’héritage des Hammadites, n’ont accepté de prêter main forte à la construction de la ville que lorsqu’ils eurent vu d’autres communautés venir de la Méditerranée. L’apport culturel de la population de la mer fut assimilé lentement, mais la spécificité des autochtones Imazzayan de Bgayet demeurait à la surface de toute entreprise.

    La ville prit une forme tout à fait particulière par rapport à d’autres villes de l’époque. Tous les édifices construits sortent de la terre comme des bateaux géants naviguant en haute mer. On a l’impression de croiser toute une armada navigant pavillons dehors. Le rêve architectural défie toute réalité. La ville est éclatée, elle coule dans différents sens pour finir à la mer. Mille ruelles nous mènent à la plaine ou aux quais du port. Vue de la mer, elle est majestueuse, écrasée par la montagne de Gouraya, l’architecture est à la fois douce et sauvage. A 26 km à l’ouest de Bgayet, se trouvent les magnifiques orangeraies de Toudja, au milieu desquelles, de la roche, jaillissent les fameuses sources captées par les Romains, pour les besoins en eau de Saldae (Bgayet), et qui aujourd’hui encore alimentent les châteaux d’eau de la ville moderne.

    Un cippe, retrouvé à Lambèse (Tazoult) dans les Aurès, retrace les péripéties du voyage de Nonius Datus, venu à Bgayet, pour rectifier le percement de la montagne qui, ayant été commencé des deux côtés en même temps avait été si mal dirigé, que les deux galeries n’avaient pu se rejoindre. Ce cippe, traduit en langue française est placé sur un socle en face de la mairie de Bgayet.

    La lettre est adressée par le gouverneur de la ville, Marius Clemens, au gouverneur de la Mauritanie : « Au nom d’une cité splendide et de ses habitants, je te prie seigneur, d’engager le niveleur Nonius Datus, vétéran de la troisième Augusta, à venir à Saldae afin d’y terminer son œuvre ». Une autre partie du cippe, placée sur le socle, nous informe sur l’intervention de l’ingénieur Nonius Datus, quand il a débuté et achevé les travaux du tunnel qui fait 428 mètres de longueur : « Je suis parti, en route j’ai été assailli par des brigands. Je me suis échappé et, blessé, ai pu arriver à Saldae avec les miens. J’ai vu le gouverneur Marius Clemens. Il m’a conduit à la montagne où l’on se désolait sur l’incertitude du creusement d’un tunnel qu’on voulait abandonner parce qu’on avait déjà ouvert plus de longueur que ne comportait l’épaisseur de la montagne. Il m’a apparu qu’on avait abandonné la ligne droite dans l’attaque du côté amont ; on s’était porté à droite vers le midi, et dans l’attaque aval, également à droite vers le nord. Les deux sections n’étant pas sur la même ligne ne se rejoignaient pas. Lorsque j’eus vérifié ce travail, j’ai mis en circulation des hommes de la flotte et des hommes de louage et ils sont parvenus à opérer le percement, et moi, le premier qui avait fait le nivellement, indiqué le tracé et prescrit ce qu’il fallait faire, suivant le plan que j’avais remis à Petrinus Celer, j’ai achevé l’œuvre. Après l’arrivée de l’eau, Marius Clemens en a fait l’inauguration ".

    En allant vers Boulimat, Cap Sigli, on aperçoit une presqu’île pointue, autrefois dite " île des Pisans ". C’est le rocher solitaire où le sultan Al Naçir mourut, dans le recueillement.

    Le Tombeau de la Neige est un monument élevé à la mémoire des 300 soldats de la colonne Bosquet, qui les 22 et 23 février 1852, succombèrent dans une terrible tempête de neige qui éparpilla le détachement en marche de Taourirt Ighil à Bgayet, parsemant la route de cadavres.

    Oued-Ghir (La Réunion) c’est un petit village sur une colline, fondé en 1871 par des Alsaciens-Lorrains. Ces villageois y développèrent la culture maraîchère, l’arboriculture et la céréaliculture.

    Mellala, ce village qui ne paie pas de mine et qu’on laisse à droite, sous les caroubiers, en remontant la Soummam, dans une vallée verdoyante parsemée de coquelicots, est entré dans l’histoire vers le XIIe siècle, grâce à Ibn Toumert et Abdel Moumen qui signèrent un pacte pour créer leur empire Al Mohade. Ibn Toumert, fondateur de la dynastie Al Mohade, naquit dans la région de Sousse, en 1078. Il effectua un voyage d’études en orient, se fit remarquer comme prédicateur et censeur des mœurs. Il se rendit ensuite à Bgayet en 1117, s’installant à la Mosquée de Myrte et dispensa des cours de sciences religieuses aux étudiants de la région, provoquant des troubles au sein de la population. Il dut quitter la ville sous l’ordre du souverain. Les membres d’une puissante tribu Sanhadja (izngan), les Ait Uriyagul, le prirent sous leur protection, le logeant à Mellala. Les fils du prince Al Aziz y rencontrèrent Ibn Tumert et lui bâtirent une mosquée. Quant à Abdel Moumen, il est né entre 1094-1106 à Nédroma dans le petit village de Tadjra. Plusieurs versions existent sur son passage à Bgayet. Selon la dernière version et peut être la plus sûre, celle de Ibn Al Qitan, les étudiants de la ville de Tlemcen, après la mort de leur professeur Abdessalmem Al-Tunsi, se mirent d’accord pour le remplacer par Ibn Tumert en ordonnant à Abd Al Moumen de se rendre auprès de lui. Le hasard fit qu’ils se rencontrèrent dans ce petit village de Kabylie, la Soummam. Après des semaines d’entretiens et d’échanges d’idées, Abd al Moumen céda devant le savoir d’Ibn Tumert. Les deux hommes se lièrent d’amitié, reprirent la route de l’ouest pour atteindre le village d’Igilliz puis Tinmel, où Ibn Toumert se proclama Mahdi en 1124. Abd al Moumen, investi du commandement militaire en 1133, soit trois ans après la mort du Mahdi (mort tenue secrète durant deux ans) devint le successeur d’Ibn Toumert en tant que calife.

    Il se rendit à Salé en 1151 et se lança à la conquête du royaume Hammadite, qui avait alors à sa tête Yahya Ibn Aziz. Il occupa successivement Miliana, Alger ( Mazghanz), Bgayet, la Qalâa des Benu Hammad et Constantine.

    A 21 kilomètres de Bgayet sur la route de Jijel et de Sétif, sur la nationale 9 longeant en corniche le flanc marin se trouve Aokas, avec sa grotte féérique. L’éperon du Cap Aokas est percé d’un tunnel de 90 mètres de long depuis 1962. A l’intérieur de celui-ci sur la droite, c’est l’entrée de la grotte féerique d’Aokas. En 1982, elle a été aménagée et ouverte aux visiteurs : élargissement du couloir principal qui fait office d’entrée, des escaliers de l’ouverture pour accéder à différents niveaux, des plates-formes en guise d’observatoires, des passages sur des ruisseaux intérieurs de la grotte, installation de l’éclairage. Quatre guides font visiter les lieux à un public fort nombreux. La grotte connaît une forte animation. Le site est apprécié des touristes et des vacanciers. Un couloir naturel, d’une longueur d’environ 60 mètres, permet l’accès à la salle principale. Celle-ci est surmontée d’une immense voûte à laquelle pendent des milliers de stalactites de formes et de grandeurs différentes. Trois colonnes, dont l’une se distingue particulièrement des autres par sa hauteur et sa beauté, viennent en trompe soutenir la voûte, de part et d’autre, évoquant par le dessin de leurs cannelures les temples bouddhistes ou encore certains châteaux sortis de l’imaginaire. Plus loin, la présence d’un petit lac vient ajouter de l’agrément à la féerie générale du lieu. Les stalagmites, ces excroissances blanches de formes arrondies qui peuplent le sol de la grotte, font penser par leur silhouette à des formes tantôt humaines, tantôt animales ou végétales. Sous l’effet du clair-obscur produit par la lumière des projecteurs, ils apparaissent comme de véritables statues ressemblant admirablement à la Vierge et son Enfant ou à une procession de femmes kabyles, allant à la fontaine, les unes tenant dans leurs bras un enfant, les autres portant des cruches sur le dos. Les singes, les lions, les oiseaux, les reptiles, les poissons, autant de formes pétrifiées qui semblent par leur présence vouloir apporter cette chaleur nécessaire à la vie. La grotte paraît vivre dans la sérénité et la sagesse des cités anciennes où le temps ne compte pas. Ce lieu enfoui dans le cœur de la roche, au contrefort de la chaîne des Babors, procure du bien-être à ceux qui ont la curiosité de le visiter .

    Tiklat (Tubusuptus), c’est la cité des vétérans romains de la Legio VII Immunis, bâtie à une vingtaine de kilomètres de Bgayet, à 3 kilomètres d’ El Kseur, et au pied de la montagne des Ifnayen. Cette cité forteresse, dite " Tubuscum Oppidum ", est adossée au Nord-Est d’une éminence haute de 30 mètres. Une série d’arcades, en pierre de taille, des vestiges, côtoient les herbes sauvages. Les restes d’établissements publics et les portions de mosaïques attestent du goût artistique des habitants de cette cité implantée au cœur de la Petite Kabylie.

    On nous l’a présentée jadis comme une cité fantôme, une cité placée hors du temps et de l’histoire. La mémoire collective n’a retenu que les mystérieux tunnels peuplés de moustiques géants et d’introuvables trésors enfouis sous des tonnes de pierres. Nul n’est venu nous la décrire et nous fournir des renseignements historiques ou archéologiques.

    Le réalisateur du film-documentaire "La montagne de Baya", feu Ezzeddine Meddour, a fait connaître aux téléspectateurs le site "Tiklat" (Tubusuptus) en mettant en scène un chercheur de trésor. En vain, car le trésor est demeuré introuvable.

    On trouve, sur la crête du site, de vastes citernes, un château d’eau comprenant quinze compartiments, au bas près de la colline, les débris d’un temple dont les murs sont grignotés par les eaux de la Soummam et qui finiront par être emportés un jour. Près du temple, des bâtiments défient encore l’usure.

    Tubusptus a fait son nid d’aigle sur le sommet d’un mamelon rocheux. Les ailes du rapace s’allongent jusqu’au creux de la vallée, les mouillant dans la Soummam. La ville avait une vocation agricole, les Romains avaient su diriger le captage de l’eau de la rivière pour les besoins de l’irrigation, au moyen de travaux de barrage dont il reste quelques conduites.

    Il y a aussi les vestiges d’un aqueduc qui prend sa source à Aghbalou à proximité d’Aït Imel-Aït Jlil traversant Iznagan et alimentant Tubusptus.

    Takfarinas, un chef berbère en réaction contre l’injustice des Romains, occupa Tubusuptus en l’an 25. Le proconsul Dellabella vint le forcer à lever le siège.

    Trois siècles plus tard, Firmus, fils de Nubel de la nation quinquegentienne (tribus Kabyles du Djurdjura), se révolta contre le gouverneur impérial Romanus, qui a interdit de pratiquer le culte donatiste. L’empereur s’empressa d’envoyer en Afrique le Comte Théodose qui arriva à Tubusuptus et l’investit. Firmus, ayant perdu la bataille, ne se laissa pas prendre vivant ; au moment d’être livré par un allié perfide, il se donna la mort.

    Une inscription, trouvée en exécutant les travaux de terrassement de la nouvelle église de Bgayet, signalait, que vers l’an 293, une autre expédition aurait été dirigée contre les quinquegentiens : « A Junon et aux autres divinités immortelles ! En reconnaissance de ce que, après avoir réuni autour de soi les soldats de nos seigneurs, les invincibles Augustes, tant ceux de la Mauritanie Césarienne que ceux aussi de la Sétifienne, il a attaqué les quinquegentiens rebelles" (...) Aurelius Litua, homme perfectissime, gouverneur civil de la province de Mauritanie Césarienne a élevé ce monument ».

    Plus tard, Gildon, frère de Firmus, prit le flambeau de la résistance. Il a fallu l’intervention du Comte Boniface, général de Valentinien III, pour venir à bout des tentatives d’insurrection.

    Pétra est un autre endroit injustement oublié par la mémoire collective, dont l’histoire est riche. Sammac, un autre frère de Firmus (prince maure du IIIe-IVe siècle qui s’était soulevé contre Romanus), a construit un château à Pétra, aussi grand qu’une ville, au pied de la montagne d’Imoula (à environ 60 kilomètres de Bgayet, en direction d’Akbou). Théodose, pendant la guerre menée par Firmus, occupa Tubusuptus et rasa jusqu’aux fondations le château de Petra. Les montagnards de cette région, les Tyndenses et les Massinissenses (probablement les Imssissan qui habitent la région de Mlakou), défendirent leur honneur jusqu’à ce que mort s’ensuivit. Les contingents de ces tribus étaient commandés par deux autres frères de Firmus, Mascezel et Dius.

    Agueldaman (Adrar Gueldaman) est la petite montagne, abandonnée seule au milieu de la vallée de la Soummam. Elle fait face à Akbou au massif montagneux des Aït Mellikech, Iouzellaguen. Il est connu sous l’appellation Aguellid wamen "maître des eaux". N’est-il pas un roi protégeant les eaux et la région aux temps reculés ? Les ruines attestent de l’emplacement d’un temple recouvert d’un mausolée funéraire Numide ou Romain. On croit aussi reconnaître un poste romain d’Auzum surveillant la région et le cours du Flumen Nabar (Assif n Sumam). D’après l’existence d’un gisement datant du néolithique, la petite montagne était occupée pendant la préhistoire par des chasseurs. Une industrie essentiellement osseuse (lissoirs, poinçons, pointes de sagaies etc...) a été retrouvée après la fouille de 1925. Des tessons de poterie décorés, des haches polies, des pierres à rainures, des outils de silex et des objets de parure ont été également déterrés.

    Dans la région de Bgayet, plusieurs mines de fer, des carrières de gypse et de plomb étaient exploitées : la mine de fer de Timezrit, dans la région des Aït Imel, devenue la propriété de la société Muller et Compagnie de Rotterdam, puis de la Sonarem, société nationale. Bellouta, près d’El Kseur, était exploitée par la Compagnie Simon. Aït Felkai qui se trouve dans la vallée de l’Agrioun,était exploitée par la The Beni Felkai Mining Company de Midlesbourgh. La production totale était autrefois évaluée à 250.000 tonnes. D’autres gisements, de moindre importance, complètent le rendement comme : la mine de Gueldaman à Akbou, Aït Guendouze et Bou Amrane à Assif Djemaâ ; Tadergount et Bradma à Chabet El Akra, Takouch, Anini à Aïn Roua.

    L’arboriculture est importante dans la région. Plus de 5.227.600 kilogrammes d’huile, achetés par les industriels de Provence, furent exportés en 1910 à partir du port de Bgayet. La production de figues sèches est aussi compétitive. La culture d’orange n’est pas négligée. Les oranges de la région sont réputées pour leur saveur : Toudja, Lalem (Babors), Darguina (Agrioun). La mandarine y est exceptionnellement douce et aromatisée. C’est à ces qualités remarquables de la mandarine de Bgayet qu’est dû le renom international de la prestigieuse liqueur de mandarine vendue sous le nom d’’ Impérial Mandarine’’, répandue dans le monde et que l’on trouve, non seulement dans les restaurants distingués, mais encore sur la table des plus illustres souverains d’Europe.

    La production de vin exporté dépasse largement 170.000 hectolitres. Les vins « bougiotes », par leur couleur, d’une beauté remarquable, leur goût velouté, leur bouquet, rappellent les meilleurs crus de Beaujolais. Ils ont acquis une réputation élogieuse, particulièrement ceux d’Amizour et d’Assif l’Marsa.

    Le caroube est également vendu à l’Angleterre afin de nourrir du bétail. Le crin végétal, tiré du palmier nain de la vallée de la Soummam, possède une nervosité très recherchée ; il est surtout utilisé en Allemagne et en Autriche pour la literie militaire.

    Grâce à tous ces atouts économiques et agricoles, ajoutés à son passé historique et à sa population laborieuse, Bgayet s’agrandit, s’enrichit et s’ouvre à la Méditerranée. Bgayet a son aéroport international qui la relie à toutes les capitales du monde. Des bateaux ont inscrit des destinations sur Marseille. Des produits viennent de partout, des ports les plus lointains. Son pétrole est exporté vers plusieurs villes d’Europe et d’Amérique. Bgayet n’a guère cessé de chanter et de déclamer sa poésie, pour preuve son Festival de la Poésie, " les Poésiades ", qui s’y tient annuellement. Son théâtre régional, " Théâtre Régional de Bgayet ", a déjà produit une dizaine de pièces théâtrales et le célèbre comédien Fellag y a fait ses débuts.

    En été, la ville de Bgayet bat la chamade, ses restaurants, où le poisson est le met favori, ne savent où donner de la tête. Ses plages s’emplissent de baigneurs qui viennent des quatre coins du globe. Ville d’hospitalité et de tolérance, Bgayet se réconcilie avec son passé prestigieux. Bgayet est méditerranéenne, ses habitants s’accommodent de la civilisation de la mer.






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