Venu de Tunisie après avoir quitté, obligé, sa Kabylie natale, Nacer Boudjou s’est installé à Longlaville (Metz-Nancy) pour y poursuivre ses deux passions : l’écriture et l’expression artistique. Si la première l’occupe à temps partiel, la seconde lui prend aujourd’hui la presque totalité de son énergie créatrice.
C’est du reste pour ses qualités de peintre et de coloriste qu’il avait été invité samedi après-midi à la Grange aux Arts de la rue du Tivoli, chez Antoine Doudoux. Il s’agissait pour lui de réaliser une oeuvre sur place, au contact même du public, et de répondre ainsi à l’envie de ses admirateurs d’en savoir un peu plus sur sa technique.
En un peu plus de quatre heures, l’artiste a ainsi réalisé deux toiles moyen format dans un style moderne où l’imagination poétique le dispute au travail en pleine matière. Partant d’une base épaisse lissée à la petite truelle ("le couteau" du peintre), Nacer Boudjou esquisse au fusain quelques figures qu’il matérialise ensuite d’une manière pas tout à fait formelle.

Les lumières du peintre
"L’idéal, c’est aussi de casser les harmonies, de détruire les lignes trop sévères, de travailler dans l’estompage, l’effacement, la saillie du trait...>, explique l’artiste qui joint le geste à la parole et organise sa toile autour de quelques lignes de force. Un visage tout à coup apparaît aux détours d’un coup de pinceau ; un autre vient lui tordre le cou... Un groupe de silhouettes bientôt danse sur la toile... Un coup de pinceau encore et c’est un sourire qui allume ses feux. "Ce sont les lumières...> Déjà la toile rejoint l’herbe verte de la cour de la Grange pour sécher avant d’être reprise pour une ultime séance de pose.
L’artiste se retire à quelques pas, ferme un oeil, juge, jauge... "Voici venir le plus difficile>, commente-t-il, "Comment terminer une toile ? Et une toile est-elle un jour vraiment finie ?> Autant de questions qu’il se pose et qu’il nous pose par la même occasion. Le public apprécie la rapidité et la dextérité du geste. L’artiste a presque fini et la journée s’achève sur un mode musical avec les accords parfaits d’une musicienne Sud Coréenne Kim Jin Hee qui joue des standards sur un orgue électronique. Antoine Doudoux apprécie ces rares instants de parfaite harmonie, même si cette peinture très moderne n’est pas forcément sa tasse de thé. Il y a chez Boudjou un vrai sens du rythme, du trait et de la couleur ! Expression moderne mais inventive, tout est dit.
A la Une de Pollen
Nacer Boudjou se retrouve aussi à la Une d’une belle revue dirigée par Georges Jacquemin, Pollen d’Azur (47, Grand’Rue à Virton) qui reproduit quelques-unes de ses oeuvres et notamment la très belle couverture du livre consacré à Hubert Juin et paru sous l’égide des Ailes du livre.
De lui Georges Jacquemin écrit que Nacer Boudjou "s’inscrit dans le modernisme qui depuis le cubisme destructure les formes pour nous forcer à regarder le monde où nous vivons et où l’artiste essaye de rétablir un ordre dans le désordre", Georges Jacquemin affirme que l’artiste peint comme un Européen sans renier ses racines qui sont kabyles et berbères.
Guy Feller (Républicain Lorrain)
Paru le : 26/08/03 (Longwy / Actualité)

Ombres et lumières

La chute

Le questionnement

Cinq doigts dela main