Les "Journées Berbères" à la Kulturfabrik ont ouvert leurs portes mettant à l’honneur la culture berbère, grâce aux différentes manifestations : films, expositions et conférences. "Nous sommes des peuples issus d’une même culture, multimillénaire, qui possède sa propre langue, sa propre culture, malgré les conquêtes répétées... Nous voulons faire reconnaître ces valeurs profondément ancrées dans nos racines> expliquent Rachid Moukah et Mohamed Bellila, responsables des associations franco-berbères co-organisatrices de cette semaine culturelle. Happés par des repères faussés et des tentations jusqu’auboutistes, fondamentalistes, certains jeunes issus de l’immigration "se perdent dans des questions identitaires complexes, ils ne se sentent ni français, ni berbères et sont en porte-à-faux par rapport à leurs origines> ont-ils ajouté.
Expositions et films berbères
Le public grand-ducal, Français et Belge a découvert avec enthousiasme une superbe exposition "Mondes et Cultures berbères" et "Un regard sur mes racines". La première exposition est réalisée par l’Association Awal de Lyon. Elle comporte neuf panneaux qui expliquent la personnalité identitaire, culturelle et les origines des Berbères : éléments historiques, géographiques et culturels (habitat, langue, bijouterie, poterie) à l’appui. La deuxième exposition est composée d’une cinquantaine de photos en noir et blanc, réalisées entre août 1999 et août 2003 par Kahina Yalali, jeune algérienne de Kabylie, qui a voulu redécouvrir ses racines et les richesses de son pays d’origine.
Elle se plaît à citer Frédéric Mistral : "Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut". En plus des expositions, des films sur la Kabylie ont été visionnés dans le Kinosch : Au coeur de la révolte kabyle réalisé par Samia Chala, d’origine kabyle, au printemps de l’année 2000, lorsque se manifeste en Algérie la colère des Kabyles, pendant trois mois d’émeutes... Pour comprendre les raisons de cette révolte, la jeune réalisatrice a suivi le jeune Mohand dans son village, Avizar, dans le département de Tizi Ouzou. Elle se plonge pendant plusieurs jours dans la vie et le fonctionnement de l’un de ces comités de village, moteurs de la contestation.
Un documentaire
Quant au deuxième film Et les arbres poussent en Kabylie, c’est un documentaire, réalisé en 2003 par Djamila Sahraoui, d’origine kabyle.
Il est une chronique concentrée et affectueuse du quotidien de Tazmalt, une petite ville aux abords de la Soummam, dans le département de Bgayet (Bougie), avec en toile de fond, l’aménagement et l’embellissement d’un des quartiers par ses habitants. Le film fait la part belle à l’extraordinaire vitalité des jeunes du quartier, sans faire l’impasse sur les répercussions des émeutes qui embrasent régulièrement l’Algérie depuis avril 2001.
Enfin, le film La colline oubliée de Abderrahmane Bouguermouh inspiré du roman de Mouloud Mammeri, écrivain algérien, est le premier long-métrage de l’histoire nord-africaine à avoir été tourné en langue berbère. Dans un village des montagnes kabyles, au début des années 40, une petite société traditionnelle tente de vivre, des jeunes gens de s’aimer, d’imaginer l’avenir malgré le typhus, l’armée colonialiste, qui entraîne les hommes en âge de se battre dans un conflit qui les concerne si peu.
Nacer Boudjou, 01 11 2004 Républicain Lorrain (Longwy)

