Espace artistique sur les hauteurs de Gammarth
Sur les hauteurs de Gammarth-Tunis, la mode n’est pas au petit café matinal qu’on avale à la va-vite au risque de rater son bus. On se coule du bon temps, en feuilletant des revues d’art, des magazines et des quotidiens, tout en sirotant du thé aux différents aromes, du café version Ben Yedder ou Carte Noire, servi dans des tasses à la griffe Café Journal, par l’aimable Hassen, artiste à ses heurs de repos.
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Par Nacer Boudjou
Mais, tout ce rituel de la consommation de la gorgée de café, de thé, de limonade ou de jus qui nous révifie l’âme n’empêche pas notre regard de s’éloigner et de nous fuir pour admirer du coin de l’oeil les toiles accrochées aux cimaises. Au fait, au risque de ne pas se tromper, le Café-Journal est aussi une galerie d’art et un café concert. Selon Hedi Guzmir, le gérant de cet espace « a eu le coup de coeur en fréquentant la ‘’Butte en Vigne’’ au quartier de Montparnasse, à l’époque où il suivait des études en gestion hôtelière à Paris. Il s’est forge des goûts artistiques à force de voir des expositions et des artistes de différentes tendances y travailler. » Apres une année d’activité, l’espace avait ouvert ses portes en 2000. Hedi reste optimiste, positif, le fait que son souhait primaire est validé « faire de son fond de commerce un lieu regroupant des intellectuels, artistes, journalistes, scientifiques, sportifs, hauts fonctionnaires, et hommes du monde du business… » Ce haut lieu de culture à l’orée de la forêt de Gammarth à quelques centaines de mètres du cimetière français et du grand hôtel Golden Tulipe a connu des concerts de jazz, malouf, récitals de poésie. Au mois de Ramadhan, Monik Akkari, écrivain, dramaturge a chanté ses textes poétiques, accompagnée du luthiste Alayah Lamjed. Des signatures de livres ont eu lieu également en présence de leurs auteurs.
Jamel Mahdaoui ‘’Jus de tabac et encre de chine’’
Artiste plasticien jusqu’aux ongles, y exposent ses oeuvres graphiques, qui tiennent à la fois d’un travail de prospection des tréfonds de l’être et d‘une observation romantique à loisir. Dans la veine d’un peintre expressionniste où tous les registres sont revisités, il va au de la des limites dressées par une histoire de l’art au rabais. Il brusque une esthétique figée et intolérante, quitte à vouloir être titillant. Il réconcilie parfois le nu féminin respectueux, admirable avec des corps emmitouflés sous de lourds drapés, cernés ou noyés dans des tourbillons qui les emportent. Dans un enthousiasme régénérateur et sans zézayer une seconde, tout est posé avec intelligence au point de ne lui rien reprocher. Le comble, toutes ses créations sont traitées à l’aide de jus de tabac et encre de chine. Et sa source verbale ne tarie pas, quant il s’agit de faire un commentaire sur ses expressions graphiques. L’Espace Café-Journal, de l’avis de Hedi « il aide les jeunes créateurs en leur organisant des expositions collectives et en les intégrant dans le milieu des artistes professionnels, tout en gardant la tradition d’un bon café bien servi. »