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VIP-Blog de nboudjou
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  • Créé le : 15/02/2005 11:34
    Modifié : 17/03/2008 17:26

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    Périple de Hannon, amiral carthaginois

    04/03/2005 00:16



    Relation de Hannon, amiral carthaginois,
    sur les pays libyens situés au-delà des colonnes d'Hercule.

    Aperçu
    La destruction totale de la littérature carthaginoise fut, comme celle de la littérature phénicienne, un désastre irréparable pour la géographie antique. On en peut juger par le fragment qui a survécu à ce naufrage, le Périple de Hannon, si admiré de Montesquieu, et sur l'époque duquel on a tardé à se mettre d'accord : Gosselin le faisait remonter à 1000 ans avant J.-C., et Mélot à 300 ans; la moyenne de 570, admise par Bougainville, est une date encore parfois avancée, mais il existe aussi des arguments qui feraient plutôt opter pour celle qui situe l'expédition en 465 avant notre ère. Une époque qui correspond pour Carthage à une réorientation (au sens propre) de sa politique commerciale, qui lui fait viser désormais les richesses situées à l'Ouest de l'Europe, et qui s'étaient trouvées auparavant entre les mains de Tyr. Quoi qu'il en soit, cela en fait la plus ancienne description d'un voyage entrepris pour la découverte des côtes occidentales de l'Afrique (L'exploration de l'Afrique).

    Ce Périple est rapporté dans un traité écrit en Grec qui se présente comme la traduction d'une inscription consacrée par Hannon, magistrat carthaginois et chef de l'expédition, dans le temple de Baal (que notre auteur identifie à Cronos) à Carthage, en commémoration de l'entreprise. Hoefer préfère y voir l'extrait d'un ouvrage plus considérable, écrit primitivement en phénicien. La chose est que le récit reste partiel (on ne nous dit rien en particulier du retour, qui pour cause de vents et de courants contraires dans cette région n'a pas dû être simple).

    Il résulte de ce curieux document que les navigateurs puniques, sortis du détroit de Gibraltar, ont longé la côte orientale de l'Afrique. Mais jusqu'où ce voyage s'est-il étendu exactement? C'est toute la question, et elle a été vivement controversée sans qu'on ne puisse lui en donner de solution réellement satisfaisante. Dès le XIXe siècle, Gosselin (Recherches sur la Géographie des Anciens, vol. 1, p. 63) et Rennel (Geopraphy of Herodotus, p. 910) vont représenter presque les deux opinions extrêmes. Le premier abrège le voyage d'Hannon tellement, que la Corne du sud serait le cap Noun (à 28° de latitude nord), tandis que le second le prolonge jusqu'à Sierra-Leone, vers le 8° de latitude nord.

    Gosselin fonde son calcul sur des suppositions il est vrai assez contestables. Il pense que l'expression hors des Colonnes comprend encore le détroit, les Colonnes d'Hercule n'étant que les deux rochers Calpé et Abyla, à l'entrée intérieure du détroit. En partant de ce point, il place la ville Thymiatérium dans le détroit même, près de Ceuta; il prend le cap Soloës, qu'Hannon n'atteignit qu'au bout de deux journées en dehors des Colonnes, pour le cap Spartel, qui ferme l'issue du détroit du côté de l'Afrique, et il place l'île de Kerné à 33° de latitude nord, aujourd'hui île de Fédal. Mais on peut lui rétorquer, d'une part, que la décision du sénat carthaginois enjoignit à Hannon d'établir des colonies et de faire des découvertes en dehors du détroit; et d'autre part, que l'expression les Colonnes se prend ordinairement pour le détroit en général. Gosselin prétend ensuite que la journée n'était pas de plus de six lieues :

    "Car, dit-il, Cook, en longeant la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, n'avait pas pu faire plus de dix-sept lieues en vingt-quatre heures; c'est pourquoi ou ne pouvait accorder à Hannon, qui la nuit se tenait tranquille et avait toute une flotte avec lui; que cinq lieues pour le jour. "
    Mais, cette comparaison n'est pas exacte. Cook naviguait le long d'une côte parsemée de bancs de coraux, et pour en lever la carte il fut obligé d'avoir presque toujours la sonde à la main. Rien de cela pour Hannon. Tout au contraire, Hannon, sorti du détroit, entra dans des courants qui vont avec une assez grande rapidité du nord au sud, et, au lieu de cinq lieues, il devait faire au moins trente lieues par jour; car Hérodote lui-même fixe (4, 86) une ,journée de navigation ordinaire (dans la Méditerranée) à sept cents stades vingt-huit lieues). Enfin, il n'est nullement démontré (encore que bien possible) que la flottille d'Hannon s'arrêtât la nuit pour ne marcher que le jour.

    L'opinion de Rennel, admise en partie par Heeren, réunit plus de chances de probabilité. Hoefer l'adopte lui aussi, mais en y apportant plusieurs modifications importantes. En supposant que la journée ait été en moyenne d'un degré de latitude (25 lieues), il obtient obtenons les résultats suivants : la ville de Thymiatérium correspondrait à un endroit voisin de l'embouchure de la rivière Sebou, sur la côte atlantique du Maroc; le cap Soloës serait le cap Blanc; les colonies de Karikum, Teichos, Gytta, Acra, Mélite et Arambe, se trouveraient entre Safi et Mogador; le fleuve Lixus serait la rivière Sous; l'île de Kerné, l'une des Canaries (Fuertaventure?); le grand fleuve, rempli de crocodiles et d'hippopotames, le Sénégal; la Corne d'Ouest, le cap Vert; la Corne du Sud, le cap Roxo, près de l'archipel des Bissagos. Ainsi, d'après cette évaluation, c'est à 11° ou 12° de latitude nord qu'il faudrait placer le terme de l'expédition d'Hannon. 

    Hannon s'avança au delà du détroit de Gadès, longeant la côte occidentale d'Afrique et y établissait des colonies. Il visita l'île de Kerné qu'on place vers la baie du Rio de Ouro, où un îlot (entre 23° et 24° de latitude Nord) porte encore le nom de Herné; cette île fut, par la suite, le terme ordinaire des navigations dans cette direction; mais Hannon continua pendant vingt-six jours de s'avancer vers le Sud. Il paraît avoir atteint le golfe de Cherbro sur la côte de Sierra Leone (entre 7° et 8° de latitude Nord); là serait le golfe de la Corne du Midi auquel il s'arrêta; trois jours plus tôt, il avait relevé la montagne du Char des dieux , probablement la montagne de Sagrés (10° de latitude Nord), qui resta le terme des connaissances courantes des Anciens. 

    Les notes qui accompagnent le texte ci-dessous permettront de mieux suivre cet itinéraire. Mais, comme on va vite le constater, quelles que soient les options que l'on adopte, des anomalies subsistent toujours.  Il y a d'abord les exagérations : soixante vaisseaux et 30 000 hommes, cela semble beaucoup. Même si l'on note que ledit périple n'est ni un voyage d'exploration, ni même unique. De fait, le récit est d'évidence celui de plusieurs voyages, avec des objectifs différents. On a affaire pour commencer à une entreprise de colonisation. Des implantations carthaginoises ont bien lieu le long des côtes atlantiques au nord-ouest de l'Afrique, comme en attestent d'ailleurs les fouilles archéologiques. Et sans doute cela implique-t-il après tout beaucoup de monde. Mais l'exploration proprement dite c'est autre chose, même si le texte cherche à tout agréger en une entreprise unique. D'autres voyages ont dû avoir lieu, peut-être de véritables routes maritimes ont-elles même été ouvertes. Et se serait leur existence que le texte viserait simplement à attester, sans se soucier ni des détails, ni des contradictions. Des contradictions d'ailleurs qui pourraient, selon J. Carcopino, être volontaires : les Carthaginois  pourraient très bien avoir voulu se vanter de leurs exploits ou célébrer leur puissance maritime et commerciale, mais sans en donner les clés à leurs adversaires et concurrents. En tout cas, cela expliquerait bien pourquoi il est impossible de reconstituer le périple avec certitude...

    On donne ici une édition établie principalement à partir des traductions données par Arnold Heeren dans ses Idées sur les relations politiques et commerciales des anciens peuple de l'Afrique (an VII de la République) et par Ferdinand Hoefer, dans Chaldée, Assyrie, Médie, etc., (1852). [les crochets rendent compte des variantes, éventuellement puisées à d'autres sources] :
    Les Carthaginois résolurent qu'Hannon naviguerait au-delà des Colonnes, et qu'il fonderait des colonies avec les Liby-Phéniciens. Il partit, emmenant avec lui une flotte de soixante vaisseaux, une quantité d'hommes et de femmes, au nombre de trente mille, des provisions et toutes les choses nécessaires.

    «Après nous être embarqués et après avoir passé par le détroit, nous naviguâmes durant deux jours, et fondâmes ensuite une ville du nom de Thymiatérium [soit Autel de l'encens] [a]. Il y avait à côté d'elle une grande plaine. De là nous fîmes voile à l'ouest, vers le cap libyen de Soloës [b], garni de toutes parts d'arbres.

    Après y avoir élevé un temple à Poséidon [ou plutôt au Dieu de la Mer Phénicien], nous nous dirigeâmes, pendant une demi-journée, de nouveau vers l'ouest jusqu'au moment de toucher à un lac voisin de la mer, et rempli de joncs [ou de roseaux]. Il s'y trouvait des éléphants et beaucoup d'autres animaux herbivores [sauvages]. Nous longeâmes le lac pendant une journée, et nous construisîmes des villes sur la mer, que nous appelâmes Karikum Theichos, Gytte, Acra, Melitte et Arambé [c].
    -


    Possible étapes du périple de Hannon et tracés hypothétiques (en vert) des routes
    caravanières transsahariennes reliant le monde carthaginois à l'intérieur de l'Afrique.
     En médaillon :  Navire phénicien (Ier siècle).
    [a] Peut-être, Mehdiya-plage, à l'embouchure de la Sebou.

    [b] Le cap Soloës serait le cap Blanc (el-Jadida), ou le cap Cantin, au nord de Safi.

    [c] Ces villes pourraient se situer entre Safi et Essaouira. Une interprétation alternative place plus au Nord le commencement du chapelet : ainsi Azemmour s'identifierait avec Karikum Theichos, El-Jadida avec Gytte, le cap Cantin avec Acra, Oualad Ali avec Melitte, et l'îlot de Mogador (Essaouira) avec Arambé.

    En partant de ces lieux , nous arrivâmes au grand fleuve Lixus [d], qui descend de la Libye. Le long de ses rivages demeure un peuple nomade, les Lixites, qui faisaient paître leurs troupeaux; nous y fîmes quelque séjour en contractant avec eux alliance. Mais au-dessus d'eux vivaient des Éthiopiens sauvages, occupant un pays montagneux et riche en animaux [féroces], où le Lixus prend naissance. Les montagnes étaient habitées par des hommes d'une figure étrange, que l'on nomme Troglodytes, et que les Lixites dépeignaient comme plus agiles à la course que des chevaux.
    -

    L'archipel de Tudra, vu d'un satellite : l'ancienne Kerné?

    Nous prîmes des interprètes parmi les Lixites, et nous passâmes près [ou nous naviguâmes au-delà] du désert durant deux jours. Nous nous portâmes de là à une journée vers l'est ici nous rencontrâmes au fond d'un golfe une petite île avant cinq stades de circuit [e]; nous y établîmes des colons en lui donnant le nom de Kerné. Selon notre calcul, il nous semblait qu'elle devait être aussi éloignée des colonnes d'Hercule que l'était Carthage; car on mit autant de temps pour le trajet de là aux Colonnes que de celles-ci à Kerné. Nous arrivâmes à un lac, où nous remontâmes [ou, plus probablement, en remontant] un grand fleuve, nommé Chrêtes [f]. Ce lac renfermait trois îles plus grandes que Kerné. A partir de ces îles, il nous fallut une journée pour atteindre l'extrémité du lac.

    [d] Ce pourrait être le Souss, qui débouche à Inezgane (au sud d'Agadir), ou bien le Drâa, qui se jette dans la mer au nord de Tan-Tan (Cap Drâa).
     
     

    [e] Pour certains auteurs, l'île de Kerné, serait l'une des Canaries (Fuerteventure?); D'autres y voient un îlot près de Dakhla, nommé Herné. Les trois îles pourraient correspondre à l'archipel de Tudra, au sud de Nouâdhibou (Banc d'Arguin,).

    [f] Une rivière très difficile à identifier. Entre le Nun (très au nord) et le Sénégal, aucun cours d'eau de réelle importance ne se jette dans l'océan dans cette région. Mais, dans tous les cas où sont les montagnes signalées ensuite?

    Au-dessus de ce lac on voyait s'élever de hautes montagnes, couvertes d'hommes féroces [sauvages], revêtus de peaux d'animaux qui nous lancèrent des pierres, et nous empêchèrent d'aborder [ou de monter jusqu'à eux]. En continuant notre route, nous parvînmes à un autre grand fleuve, rempli de crocodiles et d'hippopotames [g]. Nous rebroussâmes chemin, et nous allâmes rejoindre Kerné.

    De cet endroit, nous nous embarquâmes vers le sud, et nous longeâmes les côtes pendant douze jours. Toute la contrée était habitée par des Éthiopiens, qui en nous voyant arriver prirent la fuite. Ils parlaient un langage inintelligible, même pour les Lixites qui nous accompagnaient. Le dernier jour nous abordâmes près de quelques montagnes élevées, et garnies de différentes espèces de bois odoriférants. Nous naviguâmes deux journées plus loin, et nous mouillâmes près d'un très grand golfe, ayant des deux côtés un terrain plat, sur lequel nous vîmes brûler partout, la nuit, des feux à une certaine distance [, et à une élévation plus ou moins grande]. Nous y fîmes de l'eau , et nous côtoyâmes les rives pendant cinq jours; au bout de ce temps nous vîmes devant nous un grand golfe [bassin], auquel nos interprètes donnèrent le nom de Corne d'ouest [ou Pointe Occidentale] [h]. Il y avait dans ce golfe une grande île dans laquelle se trouvait un lac, qui à son tour renfermait une île plus petite.

    Nous abordâmes en ce lieu, où nous ne vîmes, tout le jour, que des forêts, mais la nuit beaucoup de feux; et nous entendîmes le son de flûtes, de cymbales, de timbales, et des cris violents [ou un bruit effroyable]. La terreur s'empara de nous, et nos devins [prêtres] nous ordonnèrent de quitter l'île. Nous mîmes aussitôt à la voile, et nous passâmes près d'une contrée brûlante nommée Thymiamata. Elle était pleine de torrents de feu qui se jetaient dans la mer. Mais cette terre était inaccessible à cause de sa grande chaleur. La crainte nous fit encore quitter promptement ces parages.

    [g] Généralement identifié au Sénégal. Mais si l'identification revenait au Chrêtes, il pourrait s'agir de la Gambie ou de la Casamance.
     
     
     
     
     

    [h] Le identifications vont du Cap Vert au cap Three Points (Cap des Trois Pointes) en passant par le cap des Palmes.

     

    Pendant quatre jours en mer, nous aperçûmes, la nuit, les côtes couvertes de feux. Nous vîmes, au milieu de ce pays, un feu énorme qui semblait toucher jusqu'aux étoiles. Le jour nous y distinguâmes une montagne très élevée, que l'on appelait le Char des dieux.
    -
    Le Char des Dieux

    "Voilà bien, écrit Heeren, la description de la côte de Guinée, au sud du Sénégal et de la Gambie. Les torrents de feu dont Hannon va parler, sont très bien expliqués par James Bruce (vol 2. pag. première) : les sauvages, dit-il, sont dans l'usage de mettre le feu aux herbes sèches, dans les crevasses des montagnes, en sorte que la flamme se précipite comme un torrent de feu

    Mais bien sûr, on pense aussi à la description d'une éruption volcanique, qui pourrait être celle du mont Cameroun. Selon Humboldt, pessimiste quant à l'a longueur du voyage, on devrait plutôt y voir un volcan des Canaries : 

    "Il serait possible, note Humboldt, à la vérité, que les feux, dont il est si fréquemment question dans le Périple d'Hannon, provinssent de champs incendiés ou de signaux à l'aide desquels les habitants sauvages des côtes se donnaient avis du danger, au premier aspect des chariots ennemis. Le haut sommet du char des dieux, qu'Hannon représente comme illuminé par des flammes, pouvait être aussi un souvenir confus du pic de Ténériffe; mais, plus loin, Hannon décrit une contrée d'une configuration singulière : il signale dans le golfe qui touche à la Corne du couchant, une île étendue, et dans cette île un lac salé renfermant lui-même une seconde île. Au sud de la baie des Singes Gorilles, les lieux se retrouvent disposés de même. Cette description représente-t-elle des dépôts de corail, des îles formées par des lagunes (atolls), ou des cratères-lacs volcaniques, du milieu desquels a surgi une montagne en forme de cône? Le lac Tritonide n'était pas situé dans le voisinage de la petite Syrte, mais sur les côtes occidentales. Il disparut à la suite de tremblements de terre accompagnés de grandes éruptions de flammes. Diodore de Sicile dit expressément une grande éruption de feu." (Humboldt, Tableaux de la Nature, t. 1, 1849).

    Durant trois jours nous passâmes près des torrents de feux, et nous approchâmes d'un golfe appelé la Corne du Sud [Pointe méridionale] [i]. Dans l'angle [l'enfoncement] de ce golfe il y avait une île pareille à l'autre dont nous avons parlé, laquelle contenait un lac; celui-ci renfermait à son tour une autre île, habitée par des hommes sauvages; mais la plupart d'entre eux étaient des femmes aux corps velus [ou très fortement constituées], que nos interprètes appelaient Gorilles. Nous ne pûmes pas attraper les hommes : ils s'enfuirent dans les montagnes et se défendirent avec des pierres. Quant aux femmes, nous en prîmes trois, qui mordirent et égratignèrent leurs conducteurs, et ne voulurent pas les suivre. Nous les tuâmes, et nous leur ôtâmes la peau, que nous apportâmes à Carthage; car nous ne pûmes pas aller plus loin, faute de provisions. »



    En bibliothèque - Arnold Heeren, Idées sur les relations politiques et commerciales des anciens peuple de l'Afrique (an VII de la République); Ferdinand Hoefer, Chaldée, Assyrie, Médie, etc., 1852. J. Carcopino, Le Maroc Antique, 1943 Paris.

    En librairie - J.G. Demerliac et J. Meirat, Hannon et l' Empire Punique (paris, 1983).

    Sur le Web - Hanno's Periplus on the Web, le site de Tim Spalding, riche de nombreux liens; le site Phoenicia.org (Encyclopedia Phoeniciana), qui se propose de centraliser les informations du Web sur les Phéniciens; sans oublier la section consacrée à Carthage (Hannon, Himilcon) du site de Jona Lendering avec une (autre) édition commentée du Périple, et qui referme par ailleurs un certain nombre d'intéressants articles sur l'Antiquité
    [i] Si l'on admet l'identification du Cap Vert, pour la Pointe Occidentale, il pourrait s'agir ici du Cap Roxo (au sud de la Casamance), mais d'autres auteurs, qui reconnaissent le mont Cameroun dans le Char des Dieux, considèrent qu'il s'agit plutôt du cap Esterias, au Gabon, ou le Cap San Juan, un peu plus au Nord en Guinée Equatoriale. Dans les deux cas, le point extrême du Périple se situerait dans la baie de Corisco.





    DJEMILA - CUICUL, "La Jolie"

    04/03/2005 00:03

    DJEMILA - CUICUL,


    La ville antique s'appelait Cuicul, nom berbère qui désigne sans doute l'origine du village indigène.Le nom arabe de DJEMILA (la joie) ne désigna pas une agglomération, mais un territoire semé de gourbis où la vie était relativement facile.

    DJEMILA, l'ancienne Cuicul, probablement fondée par TRA JAN, à la fin du ler siècle, poste militaire, dormait encore, il y a de nombreuses années, insoupçonnée. En 1909, un administrateur des colonies qui allait prendre sa retraite, M. de CRESOLLES, venu là plutôt par curiosité, fit donner quelques coups de pioche pour dégager de vieilles pierres affleurant dans l'herbe, à flanc de coteau. Des fondations apparurent, intéressantes; les fouilles furent poursuivies, un peu au hasard d'un mur retrouvé debout.

    Lent travail, sans plan déterminé d'avance, avec de parcimonieux crédits. La guerre est venue et avec elle, comme dit Emile HENRIOT d'autres soucis que de vieilles ruines, parmi tant de neuves. Puis, M. de CRESOLLES est mort. Mais sa veuve a continué le travail entrepris par lui, sans se lasser, infatigable, magnifique exemple féminin du labeur français en terre d'Afrique où je ne sais quelle admirable foi décuple en chacun l'énergie. Grâce à elle, le champ de fouilles s'est méthodiquement agrandi et développé et DJEMILA est sortie de terre.

    51 - DJEMILA (Algérie) Vue panoramique des Ruines Romaines

    545 - DJEMILA Vue Générale prises des Grands Thermes


    "Encore un de ces postes romains, souligne très justement Emile Henriot, situé juste à l'endroit choisi, là et non ailleurs, sur cet éperon militaire dominant, au creux de la vallée, la route de Constantine à Sétif. Il y a un peu plus de cent soixante ans, lors de la conquête, nos troupes s'établirent là, ignorantes alors de leurs prédécesseurs romains; mais le lieu commande. Ainsi de tout temps, en cette Afrique, terre d'histoire où celui qui agit, fatalement, s'en vient mettre les pas dans les pas de celui qui est venu là avant lui. Mêmes coulées, mêmes passages, mêmes défenses, mêmes réalités politiques déterminant l'acte de l'homme ..."

    Les troupes françaises l'occupèrent à deux reprises, en 1838 et en 1839; lors de l'expédition des PORTES de FER, le duc d'ORLEANS y campa avec ses troupes; des monuments romains n'émergeaient que le temple septimien, I'arc de triomphe, un mausolée et des vestiges de portes. Le prince décida de faire transporter à PARIS l'arc de triomphe, projet qui heureusement ne fut pas exécuté.

    Au voyageur qui dispose de temps, la visite de DJEMILA réserve bien des surprises et des joies. Les temples de Djemila, le grand temple de la famille septimienne, le temple du Nord, dédié à la Terre ou à Vénus, et dont les colonnes du pronaos sont monolithes, en beau granit bleuté, appellent la comparaison avec les sanctuaires de l'Acropole. L'arc de triomphe de Caracalla, les thermes du Capitole, la maison de Castorius, divisée en vingt-sept pièces, et possédant deux atriums, deux bains privés et une cour, le marché aux vêtements, sont encore de beaux monuments qui traduisent le sens de la pompe et le génie du confort qu'eurent les architectes de Rome. Ce n'est plus une révélation que de dire, en effet, que les Romains utilisèrent avant nous le chauffage central à air chaud, et que leurs salles de bains n'étaient différentes des nôtres que par le luxe des matériaux dont étaient faites leurs baignoires et par la richesse des mosaïques qui ornaient leurs parterres et peut-être leurs murs.

    541 - DJEMILA L'Arc de Caracalla (Face Ouest)

    542 - DJEMILA Vue Générale sur le Temple Septimien


    DJEMILA LA JOLIE, sur laquelle avait veillé avec passion, amour et piété la conservatrice, Mme de CRESOLLES, fille et veuve d'archéologues qui vouèrent à ces vieilles pierres leur vie d'études et de travail, est encore intéressante pour son marché, dû à la générosité de COSINIUS-PRIMUS, très important personnage qui reconnut les charges et les honneurs dont le combla la cité en la dotant de ce bel édifice.

    La cour centrale du marché, entourée de colonnes monolithes en marbre veiné de gris, est ornée d'une corniche ouvragée, décorée de gargouilles. Les marchands se tenaient derrière les tables en pierre du pourtour. Leurs étals étaient ornés d'attributs variés: la boutique du marchand de poissons, de langoustines et de crustacés en relief sur la pierre; la boutique du boucher, de têtes de chevaux et de boeufs. Ici, une plaque de pierre, percée de dix trous, supportait les tiges où étaient fixés les crochets des balances; là, une table de mesures, creusée de trois cuvettes de diverses contenances, porte, en relief, l'unité de longueur.

    Mais le monument le plus curieux, parce qu'absolument intact, des ruines de Djemila, est, au quartier chrétien qui domine la ville païenne, le Baptistère. C'est le seul édifice romain dont on ait retrouvé, non seulement le plan et les pièces essentielles, mais encore les murailles, la toiture et le dôme. Intacte aussi la mosaïque qui orne le sol du couloir circulaire muni de niches stuquées qui servaient de vestiaire aux néophytes avant leur passage dans la salle où se trouvait la cuve baptismale.
    Toutefois, le toit de ce monument dut être défoncé, pour permettre le relèvement, à l'intérieur, du bloc monolithe qui forme un dais de pierre sur la cuve baptismale. Il fut reconstitué ensuite avec les mêmes briques, sous la direction du service des Antiquités. Le baptistère de Djemila est, grâce à sa toiture et à son parfait état de conservation, un monument romain unique au monde.

    549 - DJEMILA Temple de Vénus génitrix

    12 DJEMILA - Le Musée, Mosaïques et Statues Romaines

    Enfin, le musée de DJEMILA est captivant, par les magnifiques mosaïques qui y sont conservées. De cet art de grâce et de fraîcheur qui fut l'art latin par excellence, les romains étaient prodigues. Une nuée d'artisans y travaillaient sans relâche; ce qui est, maintenant, du moins pour les mosaïques artistiques, d'un métier rare, d'une exécution longue et coûteuse, était alors monnaie plus courante; on produisait des mosaïques aussi rapidement, semble-t-il, et aussi économiquement qu'à présent des tapis.

    Cette ville morte de l'Algérie, exhumée des sables et de l'oubli par nos missionnaires de la science et de l'art, constitue un magnifique ornement de notre Afrique du Nord.

    DJEMILA nous permet de nous rendre compte de l'infatigable activité, pendant cinq siècles de nos prédécesseurs latins sur cette terre d'Afrique.

    Jean-Marc LABOULBENE

    Bibliographie

    Maurice RlCORD - L 'ALGERIE - Foyer de l 'Afrique Française - 1938
    Eugène ALBERTINI - L 'Afrique Romaine -1937
    Guide Bleu - Algérie - Tunisie - Hachette - 1955

     

     






    Les ponts de Constantine (Cirta) Algérie

    03/03/2005 23:29

    Les ponts de Constantine (Cirta) Algérie


    CONSTANTINE A PROPOS DE SES PONTS, DE LEUR HISTOIRE, ET DU TEMPS

    "Mais vous oubliez que Constantine, comme Paris, est la Ville des Ponts ? ", nous avait fait constater avec étonnement un jour notre prof de français-latin de 6ème.

    Il s'agissait en effet de décrire et caractériser la Ville, et notre travail, par souci de la voir ressembler à une ville quelconque d'une Métropole toujours prise comme modèle, avait tout bonnement omis de citer son entaille et ses ponts aériens, vécus péjorativement par la plupart de nous. . .

    Aujourd'hui, c'est à partir de quelques cartes postales retrouvées que cette évocation des lieux me vient ... Car c'est une drôle de Ville, étrange et saisissante, qui me salua, lorsqu'enfant j'arrivai de Petite Kabylie, en ce début de Guerre.

    Revoyons son site:

    Elle était remarquablement assise sur un plateau rocheux limité par des escarpements vertigineux. Les Français l'appelaient " le Vieux Rocher ", les arabes n'ont cessé de la surnommer " Bled-el-Haoua ", expression qui signifiait à la fois " Cité aérienne ", " Cité du Ravin ", " Cité des Passions ". Ce plateau en forme de trapèze avait ses angles orientés sur les quatre points cardinaux.

    La rivière du Rhumel, encaissée dans une gorge abrupte d'une profondeur moyenne de plus de 100 m coulait le long des deux faces Sud-Est et Nord-Est de ce trapèze, sur une longueur de 2.800 m. Sur une seule face seulement, à l'Ouest, le plateau se trouvait accessible par un isthme étroit, borde de pentes rapides, couvertes, toutes, de constructions modernes par les Français (fig. I ).

    Mais reprenons l'histoire:

    Cet isthme, célèbre lors de la prise de Constantine, a été le seul point faible de ses remparts, attaqués en octobre 1837 par Damrémond et le Duc de Nemours, puis forcés par Lamoricière. Ce fut la " Brèche ", où fut aplanie plus tard la "Place Nemours", devenue ensuite " Place de la Brèche ", je suppose au moment du Centenaire. Cette place était toujours appelée par la population arabe " Bab-El-Oued ", Porte de la Rivière, du Rhumel, bien sûr, n'en déplaisait aux Algérois...

    L'ancienne " Cirta " nom primitif de Constantine paraît avoir été une dénomination phénicienne, puis romaine. L'antiquité de cette ville n'avait pas pour autant été oubliée par les Français, qui pratiquaient des fouilles incessantes dans son sous-sol, non plus que son passé arabe, alors que le Turc, semble-t-il, passait beaucoup plus sous silence, ... peut-être à cause de la conquête ?

    Le plus ancien pont des Français, situé en diagonale à l'opposé de cette place, à la pointe Est du " Vieux Rocher " était appelé par tous " Le Pont d'EI Kantara " (fig. Ibis), pléonasme oublié, El Kantara voulant évidemment exactement dire " pont " en arabe. Il avait été construit sous Napoléon III, en 1864, pour relier le " Vieux Rocher " et sa " Rue Nationale" au chemin du Mansourah, puis aux nouveaux quartiers européens, sur la rive droite du Rhumel, à l'endroit où s'est ensuite construit la gare. Cette gare voyait passer beaucoup d'écoliers, elle était décorée à son entrée par la statue de marbre blanc de l'Empereur Constantin, fondateur officiel de la Ville, réplique par Brasseur d'une statue située à Rome, sous le portique de saint-Jean de Latran...


    "Constantin et sa femme Constantine", chantonnaient au passage les écoliers dans leur trolleybus. . .

    Il est à noter toutefois que le nom arabe repris actuellement de " Ksentina ", ne ferait pas référence à cet empereur, mais à Tina, la mythologique reine de Cirta...

    Ce Pont donc, était un arc de fonte long de 127 m, élevé de 125 m à la verticale au dessus du ravin. Il remplaçait et surplombait les ruines d'un ancien pont romain, restauré par les Turcs au XVIlIeme siècle, jeté d'une hauteur de 65 m au fond des gorges du Rhumel, le premier qui fut appelé " El Kantara ".

    Ce premier pont avait été utilisé par une colonne de soldats français en 1836, au cours d'une tentative de prise de la Ville. Cette colonne, venue de Bône par le Mansourah, avait pû commencer par investir une partie de l'ancien quartier d'EI-Kantara, rive gauche, sur le Rocher, mais l'assaut avait été sanglant, elle fut repoussée... Il s'écroula en 1857, et on en apercevait toujours un vestige tout en bas, près des sources d'eaux chaudes, situées un peu plus en amont, et à 8 m environ au-dessus du lit du Rhumel (fig.2), sur le " Chemin des Touristes "... Ce Chemin, dû à l'ingénieur Frédéric Remès, serpentait en effet tout le long des gorges, il était accessible à cet endroit par un escalier interminable.


    Chronologiquement, après le Pont d'EI-Kantara, citons " Le pont de Sidi-Rached" (fig.3), datant de 1912, grosse masse impressionnante du saillant Sud de la Ville, obturant et franchissant à la fois en arcades interminables (fig.3bis), un Rhumel qui s'étranglait brusquement en bouillonnant en ce début des gorges. Etabli sur 25 arches de pierres de taille, dont une centrale de 70 m d'ouverture et haute de 105 m, il surplombait d'abord, au départ de la rive droite une route, où se trouvait un entrepôt célèbre, les " Comptoirs Numidiens " et un dépôt de trolleybus. Au fond du ravin, rive droite, encore des sources d'eaux chaudes, celles-là à 2 m seulement au-dessus du lit de la rivière. Puis, de l'autre côté, il passait au-dessus d'une partie du quartier de Sidi-Rached, enjambant ruelles en escaliers et maisons, dont chaque toit ou presque abritait au printemps un nid de cigognes.

    La construction de ce pont parait avoir été voulue décorative. Comme son frère Suspendu, que l'on va évoquer plus loin, il symbolisait pompeusement la Ville sur les cartes postales. On le voyait de loin, il apparaissait énorme lorsqu'on arrivait (autrefois) par la route de Sétif, ou (maintenant) par le plateau du Telergma où se situe l'aéroport.

    Lorsqu'on l'empruntait, le " Sidi-Rached ", par le trolleybus de Sidi Mabrouk... " le vertige il te donnait "... Il était en légère pente au départ de la rive droite. De plus il n'était pas droit, il y avait en effet en cours de route deux virages que les chauffeurs arabes prenaient à vive allure, avec un malin plaisir, pour impressionner les écoliers.. .

    Toujours à la verticale de ce pont, comme pour les autres ponts, il y avait un pont, le " Pont du Diable " (fig.4), construit par les Turcs, au pied du " Rocher des Martyrs ", et près de ruines romaines, comme l'on en rencontrait à chaque pas dans la Ville.

    Toujours vers 1912 " le Pont de Sidi M'Cid " (fig.5) a été construit par l'ingénieur Arnaudin, au saillant Nord du " Rocher ". Ce pont donnait à la Ville un caractère touristique célèbre dans toute l'Algérie, il reliait la Kasbah (forteresse ancienne et quartier militaire à l'époque des Français), au nouvel Hôpital et au vertigineux Monument aux Morts. Appelé tout bonnement " Pont Suspendu ", tout de fer et de fonte, d'une longueur de 168 m, il dominait le Rhumel de 175 m au dessus de son tablier... Une merveille d'architecture, et la fierté des Constantinois. Entre les deux guerres, au moment de l'essor de l'aviation, des aviateurs acrobates ont volé sous sa passerelle. L'exploit avait été longuement relaté dans la presse algérienne de l'époque.

    Tout près du pont, dans la paroi, s'ouvrait une grotte suspendue, la " Grotte aux Pigeons " ou avaient eu lieu des fouilles préhistoriques. Le chemin antique qui y conduisait passant sous le pont au départ de la dernière voûte aval sur le côté gauche du Rhumel, aurait été utilisé en 1837 par une poignée de volontaires français pour s'introduire dans la Kasbah par une ancienne porte, dite la " Porte du Vent ".

    Du haut de " Sidi M'Cid ", comme on disait, car il s'agissait aussi bien du Pont, que du Quartier, que du Rocher, la vue était surprenante, et s'étendait au loin, à 2 ou 300 m plus bas, vers la plaine du Hamma, ses champs de blé, ses vergers des "Jardins du Bey" où poussaient des palmiers, inconnus dans la Ville à cause de l'altitude. Mais la vue allait aussi, bien au-delà, vers les Babors, tout bleus au loin. Le Rhumel devenu " Oued-el-Kebir ", s'y perdait en d'autres défilés, après avoir serpenté dans la plaine en direction de Grarem et de la côte de Djidjelli.. .

    Presque à la verticale du pont de Sidi M'Cid, et datant de 1925, était le " Pont des Chutes " ou des " Cascades ", ou des " Moulins Lavie " (moulins à blé et usine de pâtes alimentaires), construit comme son nom l'indiquait au-dessus des chutes abruptes de 80 m appelées aussi " Chutes Lavie ", marquant la fin des gorges.


    La Passerelle Perrégaux (fig.6), piétonne, entre El Kantara et Sidi-Rached, était suspendue comme son grand frère de Sidi-M'Cid souvent confondue avec lui, sans oser toutefois porter son nom... Longue de 125 m et large de 2,40 m, elle a été la petite dernière construite, je suppose dans les années 1920. Son utilité avait été souvent contestée, elle avait dû vouloir au début relier à pied le Centre-Ville à la gare, et aux quartiers avoisinants, comme le quartier Gallieni.

    Son point d'accès était près de la Nouvelle Medersah (" Ecole Supérieure " arabe), située dans un tournant de la Rue Clémenceau, dite " Nationale ", dont la coupole, de style néo-mauresque, se voyait de loin. Il y avait là une petite place, dite " Place Molière ", où se côtoyaient: un lycée de jeunes-filles, un marchand de beignets tunisiens, deux écoles, un arrêt de trolleybus, une clinique, des bains maures, des cafés maures, des magasins de tissu juifs, et un parapet près duquel stationnaient en permanence beaucoup de badauds, car la vue plongeait vertigineusement sur cette partie des gorges. Un ascenseur, encore, mais construit en maçonnerie hors du rocher, moins long que celui de Sidi M'Cid, un peu la réplique de celui du square Bresson, dans Alger-la-Blanche, descendait jusqu'au départ de la passerelle, en contre-bas.

    Lorsqu'elle supportait beaucoup de monde, on la sentait, cette passerelle, se balancer doucement, dans le sens vertical, surtout s'il y avait du vent, au milieu des corneilles... C'était encore impressionnant... Le Pont Suspendu lui aussi avait tendance à se balancer sérieusement lorsque le traversaient beaucoup de piétons, voitures, et camions GM.C. américains...

    Tout balance encore à l'évocation de la Ville des Ponts.

    A. MILLET

    ARTICLE TRANSMIS PAR MICHELE MANIVIT

    Voir:

    Le livre de Josette Sutra, sur Constantine, citant la Guinguette. .. " Constantine, son passé, son Centenaire ", Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de Constantine depuis 1853, Edts Braham, Constantine, 1937.

    Bibliographie:

    Souvenirs d'Enfance.
    " Les Guides Bleus Algérie Tunisie ", 1930 et 1950.
    " Les Origines de la Ville de Constantine " (Bulletin de la Société de Géographie d'Alger et d'Afrique du Nord), par L. Joleaud, lmp. Algérienne, Alger, 1918.

     






    Tanger, matière à roman

    03/03/2005 23:08

    Tanger, matière à roman


    Tanger au XIXe siècle est devenue du passage obligé de toutes les grandes plumes. Cela continue aujourd’hui. A vrai dire, chacun trouve son compte pour asseoir sa créativité. Tanger a fait rêver tous les créateurs quelque soit domaine de création. Certains ont pu les réaliser, d’autres obligés de les transposer ailleurs. De ces rêves il ne reste peut être que le souvenir.

     

     

    Par Nacer Boudjou

     

    La poignée de « voyageurs écrivains » n’a pas fait passer sous silence leur sensibilité, née de la rencontre avec les charmes distillés par Tanger. Elle transcende par la densité des notes, la réalité des images, la profondeur des réflexions, la brièveté du séjour. Adolphe de Custine, que son «voyage de Russie » rendra célèbre, vient en 1831 y promener son spleen, son étrangeté. Charles Didier vient, en 1835, à la quête de dépaysement, thérapie et ressourcement qui le conduira droit au suicide. Fasciné par la ville, il y campe l’action de ses œuvres romanesques, célèbres, « le chevalier Robert (1838) », Thela (1839). La merveilleuse « revue de deux mondes » ouvrira ses colonnes à ses « promenades marocaines » qui connaîtront, publiées en volume, un éminent succès d’édition. Même succès pour George Borrow, homme de plume britannique, qui avait les nerfs à fleur de peau et une forte personnalité, classique des bibliothèques royales. Ses œuvres abouties sont : « Wild Wales » « The Zinechi » et « The bible in Spain ». « Quant à Vassili Botkine », accentue sa mélancolie salve et sa vie métaphysique. A Alexandre Dumas d’accélérer ses aventures et ses rencontres en espace de trente six heures. Il en a récolté plus que tout autre aurait pu le faire en son séjour long. Hans Christian Anderson, vint à Tanger comme il l’avait fait pour Florence à la poursuite de soleil et de sensation inédites pour la thématique de ses romans. Il a écrit ses impressions du séjour effectué à Tanger dans le « Conte de ma vie ». Alexandre Demidof ; venant y enrichir en 1847 ses étapes maritimes méditerranéennes, se constitue en un propagandiste irréprochable du Tanger station touristique d’hiver. Richard Francis Burton y séjourna en novembre de 1855.

    Une ville qui rentre de plain pied dans la littérature

     

    Tanger des écrivains s’est forgée, de Potocki en passant à Amicis, de Loti à Morand et Bowles en longeant une route fleurie d’œuvres attachantes. La ville est rentrée de plain pied dans la littérature ; la littérature l’a à jamais eu dans la peau. Tanger ville mythique, elle l’est, ville à multiples facettes, elle le chante, ville de l’inattendu, elle l’exprime. Tanger est divisée et complexe, dans l’une à l’autre de ses sept collines. « Tanger n’est plus un lieu d’écriture. Mieux que cela, elle est devenue matière à roman… » écrit Tahar Ben Jelloun, orfèvre en la matière. Il est lui aussi pris dans ce lieu de folie de l’écriture. Dans « Jours de silence à Tanger » écrit sûrement à Tanger, traduit l’angoisse de la solitude. Quant à Mohamed Choukri, natif de Tanger qui écrit en arabe, s’est fait connaître par son autobiographe « le pain nu », une histoire de l’amertume, d’un enfant de la rue.

     

    Tanger a drainé une foule de personnes en mal d’écriture, et d’aventures inédites qui lui ont consacré des reportages, correspondances littéraires, souvenirs de voyages, ouvrages de fiction, récits de vie etc.… Paluel –Marmont jette son ancre à Tanger et écrit en 1936 « Tanger l’unique », une œuvre romanesque qui met en exergue les divers avantages, et la tragique histoire de ce « premier port d’escale » de l’empire chérifien. Paluel a traîné sa silhouette dans les jardins du Petit Socco. Il débite « Pôle attractif où se trouvent immanquablement tous ceux qui se cherchent, où se trouvent ceux qui ont été séparés, où se fixent les rendez-vous, où s’amorcent les sympathies; les combinaisons, les complicités ». Pierre Malo, rencontre sa providence dans la créativité littéraire. Il ouvre les portes de Tanger au moment du développement miraculeux. Il publie en 1953 « Le vrai visage de Tanger », dans lequel il étale des impressions : « l’étranger qui fait escale à Tanger pour la première fois s’émerveille de voir avec quelle virtuosité on est parvenu à réussir, sur un si petit espace, tant d’exotisme et de séduction (…) le regard, d’un seul coup, en saisit l’essentiel et si d’autres cités, en Afrique du nord, peuvent offrir des spectacles plus grandioses, nulle assurément, ne saurait, avec plus de complaisance, livret son pittoresque à l’avidité des touristes ». Ces écrivains arrachés à leur pays de plein gré ou contraints de le quitter douloureusement, ont trouvé l’hospitalité, la chaleur de cœur dans cette ville à la porte de l’Europe. Ils sont pris par l’émerveillement du site, des remparts de la médina, végétation luxuriante. Ils n’ont pas résisté à élire domicile et travailler.

     

    Le frémissement d’une vie profonde et la longueur manifeste du quotidien

     

    Paul Browles a posé son bâton de pèlerin à Tanger en 1947, qu’il appelle la Dream city. Il y écrit la majeur partie de son œuvre romanesque en s’inspirant des milieux qu’il visite. Doué d’une fibre sensible d’ethnologue, il décrit le moindre détail. Truman Capote, écrivain américain arrive juste deux ans après Bowles, écrit ses « impressions de voyages ». Il décrit Tanger avec ses tripes : « couronné de collines, tourné face à la mer, ce promontoire haut et blanc, qui semble se faire une traîne de toute la côte africaine, est une ville internationale au climat excellent, huit mois sur douze ». Tanger accueille aussi Paul Morand en 1950. Il loue une maison bien équipée dans un quartier résidentiel. Il publie « Hécate et ses chiens » une histoire plein de sens qui a pour cadre une ville on révélée mais identifiée selon la description à la cité du Détroit. Paul Morand, c’est l’homme pressé, il ne passera que quelques saisons dans la villa Shakespeare louée pour neuf ans, partagé entre la réflexion désabusée, l’exaltation sensuelle, les visites d’amis et les escapades en Espagne. Il se met dans le contraste entre le frémissement d’une vie profonde et la longueur manifeste du quotidien. Son nom demeure indélébile dan l’aura littéraire de Tanger. Il avait été peu ou prou du lait ressuscitant de l’innovation romanesque Tangéroise, désormais il est lié à cette ville. Son attitude d’homme blasé d’errance et d’exotisme, rêvant avant toutes choses de l’ambiance de la Seine passé outre. Certains écrivains avalés par l’oubli frustrant reviennent avec leurs écrits témoignent d’une période qui pourrait faire école buissonnière à l’histoire culturelle. Elisa Chimenti, italienne née à Tanger à la fin du XIXe siècle, arabisante de grand talent, accueille tel un bouquet de fleurs ; les légendes marocaines de Tanger de sa région et les publie. Carlos Nersy associait à la prestance du Caballero espagnol. En mourait, non sans avoir jeté, un cri de double amour, son appel s’adresse à la sensibilité des cœurs, à l’équilibre des âmes, et à l’acceptation de l’autre dans ses spécificités. Tanger a fait rêver tous les créateurs quelque soit domaine de création. Certains ont pu les réaliser, d’autres obligés de les transposer ailleurs. De ces rêves il ne reste peut être que le souvenir.

     

     

     

                                                                                                             

     

     






    Le saxophone ne perd pas son souffle

    03/03/2005 22:41

    Le saxophone ne perd pas son souffle


        

    Le saxophone à la couleur dorée, inventé et enseigné par Adolphe Sax, a une force,  une rapidité, un timbre qui râtelle large. James Carter play-boy du sax, surfe des solos enchevêtrés. Chasin' the Gipsy et Django Reinhardt flirtent avec la période Swing et le  jazz manouche.

     

     

    Par Nacer Boudjou

     

    En 1846 à Bruxelles, Antoine Joseph Sax, dit Adolphe Sax (Dinant, 1814-Paris, 1894), décida un jour de créer un instrument qui puisse combler le manque existant entre les instruments à cordes (le violon), les bois (comme les flûtes ou la clarinette), et les cuivres (comme le tuba ou la trompette). Ainsi, il déposa le brevet de l’invention du saxophone. Son but pour ce nouvel instrument était qu'il puisse avoir « la flexibilité des cordes, la variété de ton des bois et la puissance des cuivres ».

     

    Adolphe utilisa un matériel rudimentaire : un tube en cuivre de forme conique et un bec avec une anche en bois. Le 20 mars 1846, sans à cor et à cri,                                                              le premier saxophone était né, Adolphe Sax venait d’avoir juste ses vingt printemps. C'était un saxophone basse en Do qui enchanta hâtivement certains compositeurs de l'époque, tant il émouvait par la beauté de son timbre et son agilité. Revenant aux traditions des XVIe et XVIIe siècles, il constitua une « famille » de saxophones, de 14 tailles différentes, comme il le fit d’ailleurs pour les autres instruments. La moitié seulement sont encore utilisées à présent. On distingue en effet, en partant du plus grave, le saxophone contrebasse, le basse, le baryton, le ténor, l'alto, le soprano, et le sopranino. Il est toutefois à savoir que les sopranino, basse et contrebasse sont extrêmement rares. La famille des saxophones est donc au complet. Chaque instrument ayant un son et un ambitus bien distinct de l'autre, pour un vaste registre d'utilisation.

     

    Durant de nombreuses années, malgré les louanges enthousiastes de Rossini, Meyerbeer et Berlioz entre autres qui l’utilisèrent cependant dés 1844, le premier dans son Hymne sacrée, le second dans un oratorio, Le dernier roi de Juda. le saxophone fut victime des polémiques qu’avait suscitées son apparition. Puis à petit à petit, il conquit les orchestres lyriques, symphoniques : Hamlet, A. Thomas ; L’Arlésienne, Bizet ; Boléro, Ravel…La musique contemporaine lui a ouvert les portes. Les compositeurs tels que Berg, Honegger, Jolivert etc. l’ont incorporé à l’orchestre.

     

    En 1857, une classe de saxophone avait été créée au Conservatoire de Paris

     

    Adolphe Sax pour professeur. Supprimée en  1870, elle ne fut rétablie qu’en 1942, grâce à Claude Delvincourt, et confiée à Marcel Mule. C’est à lui en effet que l’on doit par sa triple action de concertiste, de quartettiste et de pédagogue, l’instrument a connu son développement. Néanmoins, on peut dire que c'est réellement dans le Jazz que le saxophone a pris toute son ampleur. En effet, il représente rapidement l'un des meilleurs moyens d'expression de cette musique, dès l'émergence de cette dernière au début du XXème siècle. Le répertoire du saxophone est infiniment plus vaste qu’on ne le croit généralement et ne cesse de s’accroître dans tous les domaines.

     

    L’attrait de son timbre chavire les cœurs

     

    Le Saxophone, en particulier le ténor, est l'un des Instruments dont le timbre se rapproche le plus des voix humaines. Ceci peut sans doute expliquer son succès à travers le temps, mais également l’image qu’il détient et qu'il donne aux musiciens qui en jouent. Il a depuis longtemps, grâce au jazz et à l'apparition d'un certain style de jeu dans les années 30, ballades ou des thèmes sentimentaux de manières très sensitive...  pour faire craquer les cœurs. Le saxophone a également une force et une souplesse qui lui permet de se placer commodément dans des thèmes très rythmiques et séduisants. Il suffit d'écouter Coleman Hawkins aussi bien que John Coltrane pour s'apercevoir de l'aura que peut avoir le saxophoniste à travers le timbre de son instrument et la particularité de son jeu. On trouve d'ailleurs des saxophonistes qui ont des sonorités diamétralement opposées, et c'est ce qui fait la multiplicité de l'instrument. Le timbre du saxophone pouvait parfois évoquer celui de l'homme, ce qui le rend sans doute accessible à tous de par les vibrations qu'il produit à l'écoute. Il représenterait la voix masculine: grave, chaude et charmeuse; l'alto serait la voix féminine: ronde et séductrice; le soprano, l'enfant turbulent: agile et guilleret; et pour finir le baryton: une grand- mère ou un grand-père un peu grincheux mais plein de malice.

     

    Le saxophoniste quant à lui est parfois montré comme un être mystérieux, un peu rebelle, un séducteur fou... Il est difficile de rester indifférent face à cet instrument, ne serait-ce que du fait de son aspect: le cuivre, la couleur dorée et la forme particulière.  James Carter le Playboy du saxophone, surfe sur des airs asymétriques. The Gipsy Django Reinhardt flirtent avec la période Swing et le son du jazz manouche. Louis  Armstrong, Count Basie, Billie Holliday, Coleman Hawkins et de Charlie Parker…ont célébré le son séducteur du saxophone.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 Fin                                                                                                                                           






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