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La mosaïque un art qui renaît
02/03/2005 00:02
Jadis, l’art de la mosaïque avait été fort prisé en Afrique du Nord et dans plusieurs pays des rives méditerranéennes. C’est un art qui a existé bien avant la colonisation romaine, sans doute au temps des comptoirs puniques et grecs. Plusieurs ateliers de mosaïstes fleurissaient dans toutes les cités numides, carthaginoises…
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Par Nacer Boudjou
Tous les édifices, les demeures résidentielles ont été marquées par leur sceau. La cosmogonie, la vie des citoyens ont été immortalisées dans les grandes surfaces de mosaïques. Malheureusement, cet art n’a pas fait long feu vers le XV ème siècle. En Algérie et ailleurs, sa pratique a été abandonnée à jamais, Par contre, en Tunisie de nouveaux ateliers de restauration et de formation commencent à voir le jour.
A l’encontre de la peinture et de la sculpture, la mosaïque est une technique d’art limitée à la civilisation gréco–romaine avec l’ensemble des rives africaines, orientales, le monde paléochrétien et byzantin. Ces réapparitions au Moyen–Age, en Occident, furent éphémères et sporadiques. Certains historiens avancent la thèse que la mosaïque est née une fois que la fresque murale fut bannie des édifices publics.
Le terme « mosaïque », utilisé dans toutes les langues européennes, a pour origine « musiuum opus », mot latin qui désignait des mosaïques qui ornaient des grottes et les fontaines. Par la suite, le terme a été appliqué aux mosaïques murales en général, ensuite à la technique tout entière. La mosaïque exige des équipes d’ouvriers qualifiés, une préparation technique et matérielle plus minutieuse que toutes les autres techniques picturales. Faite de petits cubes de matière dure, elle est appliquée au sol, aux murs et aux voûtes de grandes surfaces. Il existe la mosaïque de parement, murale ou de revêtement.
Les Romains, les peuples africains et asiatiques, en adoptant la civilisation et l’art des grecs, ont emprunté aussi la mosaïque. Les plus anciens parements romains de caractère artistique (1er siècle avant notre ère) ont été trouvés à Pompéi, Palerme et à Malte. Quelques uns comptent parmi les plus beaux échantillons de cet art. La mosaïque de pavement comporte de simples dessins géométriques en noir et blanc : damiers, cercles entrelacés, combinaisons de losanges, de carrés et de cercles, motifs végétaux stylisés. La mosaïque murale est venue bien plus tard, au 1er siècle avant notre ère, sans doute à Rome, et se répand dans tout l’Empire, vers le II ième et III ième siècle. Elle couvre toutes les voûtes des édifices publics : fontaines, thermes, etc. La mosaïque murale est le premier des arts plastiques, contrairement à la mosaïque de parement, restée surtout décorative. Au cours du 1er siècle de notre ère, elle pénètre sous cette forme dans toutes les provinces de l’Empire. Des écoles locales modifient les modèles reçus de la métropole, les enrichissent de couleurs et d’ornement nouveau.
La mosaïque représentant la déesse Tanit
A l’instar des autres régions qui étaient sous la tutelle de Rome, l’Afrique dans l’antiquité a développé cet art. Mais une chose est certaine, c’est que l’art de la mosaïque était connu en Afrique. Plusieurs villes ont abrité des ateliers et des écoles de mosaïque. Les pièces de mosaïque ont été trouvées dans plusieurs cités fondées par les autochtones, prouvant l’existence de cet art antérieur à l’avènement de Rome. Une petite mosaïque représentant le signe de Tanit, déesse carthaginoise adorée par l’ensemble des peuples Nord africains (Maures, Numides, Gétules, Libyens), a été découverte dans un site punique en Tunisie.
Cet art, maintenant délaissé, était fort prisé par la bourgeoisie africaine. Les mosaïstes devaient avoir une grande importance dans la vie de la cité, car l’un d’eux a estimé nécessaire de signer son œuvre, ce qui laisse supposer une concurrence active. C’est ainsi qu’une mosaïque provenant de l’atelier Nicentius, écarte le voile de l’anonymat en révélant le nom de cet atelier et de son lieu d’implantation en Afrique du Nord. A Hadrumète (Sousse) en Tunisie existe une école très renommée de mosaïstes, qui envoyait ses artistes dans différents pays pour décorer les demeures de plaisance des notables et des édifices ayant plusieurs fonctions.
Chaque région de l’Afrique ou d’Asie mineure a ses propres couleurs, son style, sa technique. Car les mosaïstes utilisaient les produits locaux et leur inspiration est indépendante de toute idéologie. Le succès de cet art est attesté par les très nombreuses œuvres qu’on trouve encore lors des fouilles archéologiques ou accidentellement à l’extension des villes, de travaux de canalisation etc.
Les sujets traités par les maîtres sont en relation directe avec la vie spirituelle, la mythologie grecque, partagée par l’ensemble des peuples méditerranéens, les schismes religieux, vieilles légendes, héros populaires, scènes de chasse, cirque, travaux champêtres etc. Les allégories suivantes sont révélatrices : Léda, Apollon, Marsyas, la lutte d’Eros et de Pan, les grâces. Ces œuvres ont été dégagées des ruines dans les villes de Sour El Ghozlane, Arzew et Cherchell en Algérie. Les divinités de la Terre sont très représentées comme les sujets mythologiques. Nous avons Bacchus apparaissant comme dieu de la végétation au milieu des quatre saisons ou en compagnie d’Ariane suivi des satyres, trouvées à Arzew, Lambèse (Algérie) et dans plusieurs villes africaines. Les divinités de la mer et des eaux sont aussi fort représentées : Neptune, Océan, Néréide (fille de Nérée et de Doris), découvertes à Hippone, Ténès, Qal’a de Beni Hammad et à la Lambiridi. Amphitrite (déesse) entourée des Néréides, femme diadémée, au visage majestueux, qui soulève des deux mains, à la hauteur des épaules, les boucles de son opulente chevelure, trouvée à Bulla Régia en Tunisie.
Les vieilles légendes sont aussi de la partie : Hercule luttant contre les centaures, Orphée calme et tranquille, assis au milieu des animaux, charmant les plus féroces par les sons harmonieux qu’il sait tirer de sa lyre. Ce sont des sujets retrouvés un peu partout en Maurétanie Tingitane, Numidie, Carthage et en Tripolitaine. Une mosaïque trouvée à Lambiridi est la pièce la plus exceptionnelle, à elle seule constitue un document historique. Elle illustre en effet, une doctrine philosophique répandue en Afrique du Nord au III ème siècle et connue sous le nom d’hermétisme, enseignée par le dieu égyptien Thot, que les Grecs assimilaient au dieu Hermès. Les sujets relatifs à la vie de tous les jours sont suffisamment visibles. Ce sont des scènes précieuses pour la connaissance de la situation économique et sociale des pays d’Afrique du Nord. Les divinités chrétiennes sont elles aussi fort représentées, n’oubliant pas que l’Afrique, l’Asie, l’Europe ont adopté les religions monothéistes de Moïse, de Jésus Christ et ensuite de Mohamed. Ainsi, tout l’esprit des peuples méditerranéens a été moulé dans les valeurs religieuses. L’art de la mosaïque n’a pas eu longue vie ; quelques siècles ont marqué de ses lettres d’or les périodes les plus fantastiques de la vie des peuples de la Numidie, de l’Africa et de la Tripolitaine et bien entendu la Mauritanie Tingitane.
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Malte, l’île des trésors légendaires
01/03/2005 18:35
Fernand Braudel associe l’archipel de Malte à l’île des trésors : « Si les îles sont toujours des îles à trésors, des trésors qu’il faut retrouver, Malte obéit à la règle ; elle l’établirait même à elle seule. »
Par Nacer Boudjou
Depuis la nuit des temps, cet ensemble d’îles : Gozzo (Ghawdex), Camino (Kemmuna) et Malte n’a point cessé d’attirer des navigateurs phéniciens, grecs, romains… D’innombrables vestiges archéologiques attestent de leur présence. Néanmoins, les historiens ou les voyageurs du moyen âge, ne furent pas du même avis que Braudel sur la richesse possible que recèle cette île aux trésors. Ibn Hawqal nota « Au nombre des îles célèbres et inhabitées de la Méditerranée, on compte Malte, située entre la Sicile et la Crête, où vivent encore de nos jours des ânes sauvages et des moutons en très grand nombre. On y trouve aussi du miel ».
Aujourd’hui, Malte est le plus petit pays à adhérer à l’UE en 2004, Malte, qui compte près de 400 000 habitants, dispose déjà d’une économie développée. Le tourisme est le premier secteur d'activité, il emploie un tiers de la population active, soit 30 000 personnes. Près de 1 200 000 touristes se rendent chaque année dans l'île, dont 80 % de Britanniques. Malte est devenu également un lieu privilégié pour les séjours linguistiques, et de nombreux lycéens et étudiants étrangers viennent y apprendre l'anglais
Des occupations successives de cet archipel font une synthèse de tous les apports culturels. Les plats traditionnels, les coutumes populaires, l'architecture des maisons s’apparentent à ceux de l’Afrique du Nord. Les arts plastiques et la musique sont plus proches des traditions italiennes; le thé à 8 heures du matin et de 5 h de l’après-midi est une habitude héritée des Anglo-saxons.
Quand les Aghlabides et les Chevaliers ont fait de cette cité une forteresse imprenable
Son fondement date de l’occupation de l’île, de 870 à 1090 de notre ère par les Aghlabides, d’origine tunisienne, venus de la Sicile sous la conduite de Mohamed Ibn Khadafcha. Plusieurs éléments témoignent de leur présence, les remparts de la Médina, Fort San Angelo, la présence de mots arabes dans le Maltais, le port de la ‘’faldetta’’ par les femmes, les maisons blanches cubiques à terrasses, les techniques agricole. La latinisation de l’île commença avec la conquête normande de 1090, par l’introduction des éléments siciliens dans la langue locale.
L’ordre des Chevaliers Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem s’installa à la Valette en 1522, à l’initiative de Charles Quint, après les déboires subis en Syrie et à Chypre. Ils bâtirent La Città di Malta sur une colline au centre de l’île, qui n’était qu’une petite cité médiévale défendue par des murailles, dans laquelle vivait l’évêque et où siégeait le conseil de la commune (l’Université).
La Valette pratique le commerce de redistribution de blé, surtout pendant les périodes de disette liées aux grands conflits mondiaux. Son port est sans conteste le port charbonnier, l’escale principale sur la nouvelle route des Indes ouverte en 1840 à travers la Méditerranée. Il est la jonction de la Grande Bretagne et de l’Egypte reliées par des bateaux à vapeur.
Gorg Zammit, une vocation trilingue et triculturelle
La Valette a brillé de tout temps par sa littérature. Une quantité d’œuvres écrites dans toutes ces langues ont vu le jour, telle la poésie d’expression arabe, née dans l'archipel durant le règne des Aghlabides et dont Abd Allah Ibn As Samanti, Utman Ibn Ar-Rahman, surnommé As-Susi, Abu Al Qasim Ibn Ramdan Al Maliti, sont les plus représentatifs. La littérature maltaise en langue italienne s’est pourtant taillée la part du lion. Le premier écrivain maltais en langue italienne, Franceschino da Malta composa des sonnets célèbres. Une kyrielle d’auteurs maltais d’expression anglaise a publié des œuvres romanesques : Cuze Aquilina, Daniel Massa, Victor Freneche et aussi Francis Ebjer, qui est sans doute l’auteur le plus apprécié et le plus connu en dehors des frontières de son pays.
Mais le poète maltais qui synthétise le mieux cette vocation trilingue et triculturelle de la littérature maltaise, reste Gorg Zammit. Il a débuté son activité littéraire avec l’utilisation de des langues anglaise et italienne, pour devenir plus tard un poète d’expression maltaise de grand talent. La littérature maltaise actuelle est écrite en langue maternelle et nationale. Elle est le lieu de rencontre pacifique de trois cultures : Nord africaine, Latine, et Anglo-Saxonne et qui a intégré ce peuple Européen et Méditerranéen. « Pour résumer, on pourrait dire que la littérature maltaise depuis 1990 est l'expression d'une petite nation s'efforçant de se maintenir à un niveau européen afin de conserver une certaine importance sur le plan littéraire. Si les géants sont peu nombreux, des auteurs talentueux, dont les voix méritent d'être écoutées, suivent leurs traces. » écrit Charles Briffa, homme de lettres maltaises.
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« Marseille, tu chériras la mer »
01/03/2005 17:49
Par Nacer Boudjou
D’aucuns s’accordent à dire que Marseille n’aurait point vu le jour, si la mer n'avait été à ses pieds et si le port ne l'avait pénétrée en son centre, ouvrant une brèche avec la continuité du ruisseau Jarret.
Dans la nuit des temps, cette région a su capter des peuplades primitives, étourdies par la magie de la mer et du soleil. Jean Louis Vaudoyer est le premier à l'affirmer: « Aujourd’hui la mer est d’un bleu chatoyant ; sur ce bleu tremble une vapeur diffuse un satin sous la mousseline. Les îles éparses ont le brun violâtre des coques de l’oursin. Le ciel est à peine un peu plus pâle que la mer. » La mer topaze et les côtes hospitalières de Marseille la primitive (qui ne s’appelait pas encore Marseille) ont vu l’arrivée des marins des grecs originaires de Phocée, chassés par les Perses. Deux récits, celui d’Aristote et de Justin d’après le Gaulois Trogue–Pompée, narrent leur arrivée dans la région qu’habitaient les Ligures. « Au temps du roi Tarquin, écrit Justin, de jeunes phocéens venus d’Asie (…) mirent la voile vers les golfes les plus reculés de la Gaule et fondèrent Marseille entre les Ligures et les nations sauvages des gaulois (…). Ils arrivèrent dans un golfe gaulois à l’embouchure du Rhône (…) séduits par la beauté du lieu (…). Ils allèrent trouver le roi des Ségobriges, nommé Nannus (,.. ) » La fondation de Marseille est le véritable symbole de la vie et du rapprochement des peuples qui se recherchent dans un combat ultime.
Quand les flottes ottomanes se joignirent à celles des marseillais
Les premiers marseillais s’adonnèrent au commerce des produits locaux : métal, blé, vin, huile… Ils installèrent des comptoirs sur la côte orientale et occidentale. Elle devint, au détriment des Etrusques une république bâtie sur le commerce, dont ses navires sillonnaient la Méditerranée. Plus tard, après les diverses incursions sarrasines au IXe et Xe siècles, les Aragonais l’assiégèrent en 1423. En réaction à ces attaques, le roi René, comte de Provence fortifia l’entrée du port en édifiant la tour Saint–Jean, sur l’emplacement de la tour Maubert, ruinée par les Aragonais. Il traita avec les souverains barbaresques, le bey de Tunis et de Bône (Annaba), pour garantir la sécurité de la navigation commerciale. La ville de Marseille, fortifiée, ne craignait plus l’ennemi à venir du sud, c’est-à-dire de l’Afrique du Nord, rassurée en outre par la signature de traités commerciaux avec les barbaresques. En 1543, Marseille meurtrie, reçut une autre visite, celle-là amicale, de l’amiral ottoman Barberousse, allié de François 1er. Ses flottes se joignirent à celles des marseillais et allèrent attaquer Nice qui se trouvait sous la tutelle espagnole.
Colbert et l’essor économique
Après les guerres de religion, des soubresauts politiques, entre les républicains et les royalistes et la peste, qui tué des milliers de personnes, une note d’espoir fit dire à André Bouyala d'Arnaud dans son ‘’Evocation du vieux Marseille’’ : « L’histoire a habillé Marseille d’une robe tissée de lumière et de contrastes, spécifiquement méditerranéenne. Cette ville reçoit chaque jour la caresse du flot bleu, vert et violet d'où surgit une vertu miraculeuse faite à la fois d'équilibre et de mirage, de volupté et de purification. » L’édit d’affranchissement de Colbert provoquant un essor économique général, Marseille sortit de sa longue léthargie. Les navires se gorgèrent de produits à exporter où à importer par la mer. L’activité citadine s’élargit à la création intellectuelle et artistique. En 1726 fut inaugurée l’Académie, grâce à son protecteur, le maréchal de Villars, gouverneur de Provence. Les peintres et les sculpteurs formèrent une école. Marseille a connu sa physionomie actuelle grâce au gouvernement de Napoléon.
Une population composée de peuples méditerranéens
La population de Marseille s’accrut de plus en plus, elle comptait en 1866, quelques 300 000 habitants. Au XIXe siècle, elle devint une ville importante de la migration des peuples méditerranéens. La guerre de 1914-1918, le repli économique favorisent l’installation des travailleurs issus des pays colonisés par la France, en particulier d’Afrique du Nord. De longue date, le Vieux-Port grouille de monde, chante dans toutes les langues, aux différentes accents. Alphonse Daudet avant de s’embarquer pour Alger à destination de Miliana le décrivait à cette époque : « Les magasins de confections bizarres, des baraques enfumées de marchands de pipes, des marchands de singes, de perroquets, de cordes, de toiles, de voiles, de bric-à-brac fantastique. Partout un encombrement prodigieux de bois, saumons de plomb, draps, sucres, caroubes, colza, réglisse, cannes à sucre, l’orient et l’occident pêle-mêle »..
De longues promenades
Toutes les plantes qui s’y trouvent sur le littoral marseillais ont été introduites au fur et à mesure des échanges commerciaux avec les pays. Croze-Magnan (1813), le dit dans les ‘’Mémoires de l’Académie de Marseille’’ : « Jetons un instant la vue sur la campagne de cette ville ; dirait-on, en la voyant ouverte de vignes, d’oliviers, de mûriers, de figuiers, de câpriers, etc.… que ces végétaux sont des colons transportés par nos pères et plantés de leurs mains ! ces étrangers, cependant, ont pris la place des indigènes… ».
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Slimane Azem, romance d'un déporté
01/03/2005 17:32
<Né le 19 septembre 1918 à Agwni Gueghrane en Kabylie, mort le 28 décembre 1983 à Moissac (Tarn et Garonne) en France>
Par Nacer Boudjou
Slimane Azem, l’idole incontestée da la chanson algérienne et kabyle en particulier. Ouvrier agricole dans une ferme coloniale avant de s’embraquer en France et de se jeter poings et pieds liés dans les tourments de l'exil. Manœuvre dans les aciéries… les armées nazies le déportent en Allemagne. En 1950, la firme Pathé Marconi (France) l'engage et lui décernera un Disque d’Or. Une ascension fulgurante dans la chanson. Mais la censure et l’interdît l’ont privé des siens et de sa terre natale, il est mort en exil.
Ni les bouches et ni les plumes ne tarissent d’éloges pour ce poète-chanteur- compositeur. Ses métaphores jouxtent un sens de l’ironie. Sa sagesse bastionnée de proverbes ancestraux, de déchirement et de regrets s’estompent dans répertoire à l’orée de celui de Si Mohand U Mhand, barde kabyle du XIXe siècle. Il est le porte-parole d'une société en métamorphose, dont les valeurs sont en ébullition. Sur les soixante-dix chansons recensées en 1979, plus de la moitié sont consacrées à ce retournement de valeurs.
Des aciéries de la Chiers aux camps de travail allemands
En 1929, à l'âge de onze ans, Slimane Azem a travaillé comme ouvrier agricole dans des fermes de colons. Tenté par l’exil, et à la quête d’un nouvel emploi, il rejoint peu de temps après son frère Ouali installé à Longwy en France. Il était employé durant deux ans en tant que manœuvre dans les aciéries de la société des hauts fourneaux la Chiers en Lorraine. Son frère vit toujours à Longuyon, une autre ville de Lorraine. En 1938, fou de musique, il s'achète une mandoline et se met à jouer jusqu’à esquisser quelques mélodies nostalgiques. Pendant son service militaire, il jouait pour le plaisir des appelés. Les armées nazies envahissent la France l’arrêtent et le déportent en Rhénanie, Allemagne en 1942, pour le service du travail obligatoire (S.T.O.). Il y retrouve son frère Ouali qui avait été déporté. Ce n’est qu’en 1945 qu’il fut libéré par les Alliés.
Orchestre des compatriotes
Revenu à Paris, il prend la gérance d'un café. Il s'y produit avec un petit orchestre constitué avec des compatriotes au retour d'Allemagne, et chante les chansons traditionnelles du pays pour ses compatriotes immigrés. Il fit connaissance avec Mohamed El-Kamal, chanteur algérien, se lie d’amitié et collabore pour une tournée en France. En 1947 il rentre au pays après une dizaine d’années en France. Dans son village de ses racines, il écrit et monte une pièce de théâtre. Dans la ferveur du nationalisme montant, il compose des chants patriotiques, qu'il apprend aux jeunes du village. En 1948 il sort, à compte d'auteur, son premier disque : ‘’Ma tseddoudh anrouh,’’ plus connue sous le titre ‘’A Moh a Moh’’. Madame Sauviat, qui a reconnu son très grand talent, le présente à différentes compagnies de disques à son retour à Paris. En 1950, la firme Pathé Marconi-France l'engage pour un premier disque. Ce fut le départ de sa véritable carrière artistique. La même firme lui offrira en juin 1970 son Disque d’Or.
L’exil, l’errance… thèmes de prédilection
L’exil, l’errance sont des thèmes de prédilection pour Slimane Azem. Son pays, son village deviennent un rêve obnubilant et impénétrable. On y lit, ou y écoute les accusations contre le sort, la providence « à l’instar de son mentor Si Muhend u Mhend, il est aussi philosophe (acu i-yexdem yefker), politologue (imqerqer bb-wemdun), psychosociologue (ddebza u ddmegh). Simane Azem a également chanté l’amour (kem ukk d nek ; atas i sebregh). Sur ce sujet, nous avons d’ailleurs assisté à la naissance d’un mythe du vivant même du poète (…) » écrit Hacène Hirèche, chargé de cours de langue et de civilisation berbères. Durant la guerre d'Algérie, dans une chanson, il compare le colonialisme au fléau des sauterelles, ce qui lui vaut une condamnation des autorités françaises. A l'indépendance de son pays, Slimane Azem est victime d'une accusation injuste. Des détracteurs utilisent ce retour pour le dénigrer, prétendant que ce village s'était rallié aux intérêts français. « L’univers de la censure est certes bien particulier. Ainsi personne ne sait exactement ni par qui, ni pourquoi Slimane Azem a été frappé d’interdiction. Et personne ne cherche à lever le mystère, habitude que nous sommes à subir la loi de forces occultes » écrit le regretté Muhend U Yahia, écrivain-dramaturge. Il doit quitter l'Algérie avec sa famille. Sa chanson ‘’Taqsit bw umqarqur" (l'histoire du crapaud), lui vaut d`être interdit d`antenne à la Chaîne II, en langue kabyle de la radio algérienne de 1967, jusqu`à 1989. L'œuvre de Slimane Azem est colossal. Il a laissé plusieurs dizaines d'albums, et plus de 400 chansons, d'une qualité musicale et poétique inégalable. Il est un archétype de franchise et d'intégrité, lui qui n'a jamais succombé au show-biz et la chanson facile. Une école pour les jeunes chanteurs, et un principe inéluctable de sagesse et de bravoure.
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Au refuge des balles perdues
26/02/2005 20:49

Chroniques des deux Algérie
Sid Ahmed SEMIANE
Introduction
« Etre Algérien n’est pas une nationalité. Ce n’est même pas une identité. C’est un travail à temps plein pour lequel nous ne sommes pas encore payés. C’est une maladie dangereuse dont personne ne s’est jamais relevé. »
« Depuis jeudi, un jeune garçon de dix-neuf ans hésite à mourir, alors qu’une balle perdue a trouvé refuge au fond de sa tête. […] Selon les théoriciens hargneux de la gendarmerie, la sentinelle de faction au niveau de la porte principale de l’établissement de réparation navale, situé au port d’Alger, a tiré un coup de sommation. »
Ce livre propose un regard singulier, et dévastateur, sur la société algérienne. Sid Ahmed Sémiane, dit « SAS », l’un des journalistes les plus mordants de sa génération, y a réuni une centaine de ses chroniques publiées dans le quotidien Le Matin de 1999 à 2002, mises en perspective par des textes inédits que le recul de l’exil rend particulièrement incisifs.
Rédigées à chaud, au fil d’une actualité tragique, ballottée entre des cadavres anonymes s’entassant à la une des journaux et des mensonges d’État avalisés par un Occident complaisant, ces chroniques restent d’une brûlante actualité. Et elles révèlent une réalité proprement sidérante : sur la terre d’Algérie coexistent aujourd’hui deux pays, séparés physiquement l’un de l’autre. Le premier, riche, corrompu et arrogant, est celui du pouvoir, des généraux et de leurs affidés barricadés dans le fameux « Club des pins ». C’est surtout celui-là que connaît la France officielle, ignorant l’Algérie réelle, pauvre, meurtrie et humiliée, celle d’un peuple abandonné à son propre désespoir.
Sur un ton caustique et révolté, avec un humour chargé de poésie, Sid Ahmed Semiane nous aide à déchiffrer ce désordre algérien qui désespère tant. Des mots terribles s’y bousculent : torture, disparus, généraux, émeutes, morts, intrigues, misère, terrorisme, putsch, chasse aux couples… Mais d’autres mots affleurent : rêve, démocratie, liberté, jeunesse, espoir, tendresse…
Né en 1971, Sid-Ahmed Semiane est journaliste depuis 1989. Il a collaboré à plusieurs journaux algériens, dont le quotidien Le Matin de 1998 à 2002. Il vit depuis en exil en France.
Collection : Cahiers libres – 228 pages – 15 €
Contact presse : Pascale Iltis Tel : 01 44 08 84 21 Fax : 01 44 08 84 17 e-mail : p.iltis@editionsladecouverte.com

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Livres
algeria-watch en francais
Commentaire de Véssir (18/09/2008 22:30) :
http://tunisie-harakati.mylivepage.com
Vive la grande Algérie et la noble Tunisie, Vive le sage Maroc et liberté à
Sameh Harakati.....
http://tunisie-harakati.mylivepage.com
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