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VIP-Blog de nboudjou
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  • Créé le : 15/02/2005 11:34
    Modifié : 17/03/2008 17:26

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    Lieux de mémoire de la Soummam (Flumen Nabar)

    16/02/2005 23:32



    Par Nacer Boudjou
     
    C’est dans l’urgence de l’écriture du patrimoine historique, archéologique et culturelle que j’ai recueilli les quelques éléments non exhaustifs, pour donner un aperçu de ce qu’étaient les ’’Lieux de Mémoire de la Soummam’’. J’ai puisé avec embarras, tant les documents sont rares, dans des bibliographies diverses et m’étais rendu en ces lieux prestigieux.

    Natif du village-forteresse Al Kelâa N’Ath Immel, la région m’a continûment fasciné, avec ses montagnes, ses prairies, ses forêts, ses Méditerranée et des continents lointains, des expatriés, et des gens du voyage, pour y cultiver les terres fertiles, faire de l’élevage et y habiter tout simplement.

    Hélas, ces lieux oubliés qui ont abrité ces populations sont peu connues des riverains. Et devant l’absence des associations, des pouvoirs publics, oeuvrant pour leur sauvegarde et leur réhabilitation, leurs vestiges, les pans de ces édifices disparaissent petit à petit sous les alluvions, les affaissements ou la ferveur de la construction bétonneuse, sauvage des nouveaux parvenus Les preuves de l’histoire grandiose d’un peuple se sont ses monuments, ses ruines et rien d’autre. C’est quoi l’Egypte sans ses pyramides ? La Grèce antique sans son Acropolium, ses sculptures… ? Rome, sans son Colisium, ses cirques, ses mosaïques ?

    La partie iconographique sans être adéquate n’est qu’accessoire, pour illustrer les propos.

    Les montagnes des environs d’Akbou

    Agueldaman (Adrar Gueldaman)

    Cette petite montagne, abandonnée seule au milieu de la vallée de la Soummam, intrigue le voisinage. Elle fait face à Akbou, au massif montagneux des Aït Mellikech, Iouzellaguen. Elle est connue sous l’appellation Aguellid wamen (Maître des eaux). N’est-il pas un roi protégeant les eaux et la région aux temps reculés ? Les ruines attestent de l’emplacement d’un temple recouvert d’un mausolée funéraire Numide ou Romain. On croit aussi reconnaître un poste romain d’Auzum surveillant la région et le cours du Flumen Nabar (Assif n Sumam).

    M. Faglin, note dans l’Echo de Bougie, 2002 : « De la période romaine il reste, par exemple, aujourd’hui un monument appelé le ’’tombeau romain’’ et qui est une véritable célébrité de la région d’Akbou. Il est situé sur le versant occidental du ’’piton’’ d’Akbou, qui fait face à cette localité. Il domine la route qui va de Bougie aux Béni-Mansour et aurait été élevé à la mémoire d’un des gouverneurs de la ville romaine d’Ausum, c’est à dire, l’Akbou actuel. Il appartient à la catégorie des mausolées, surmontés d’une pyramide, et pourrait selon Stéphane Gsell, s’apparenter par son aspect extérieur à un célèbre tombeau qui s’élève à Amrith en Phénicie (actuel Liban). Ce mausolée d’Akbou ne semblerait pas antérieur au IIè siècle après J.C. »

    D’après l’existence d’un gisement datant du néolithique, la butte était occupée pendant la préhistoire par des chasseurs. Une industrie essentiellement osseuse : lissoirs, poinçons, pointes de sagaies etc.… a été retrouvée, après la fouille de 1925. Des tessons de poterie décorés, des haches polies, des pierres à rainures, des outils de silex et des objets de parure ont été également déterrés.

    Montagnes de la région d’Akbou

    Pétra

    C’est un autre endroit injustement oublié par la mémoire collective, dont l’histoire est riche.

    Sammac, un autre frère de Firmus (prince Berbère du IIIe - IVe siècle qui s’était soulevé contre Romanus), a construit un château à Pétra, aussi grand qu’une ville, au pied de la montagne d’Imoula, à environ 60 kilomètres de Vgayeth, en direction d’Akbou.

    Théodose, pendant la guerre menée par Firmus, occupa Tubusuptu et rasa jusqu’aux fondations le château de Pétra. Les montagnards de cette région, les Tyndenses et les Massinissenses (probablement les Imssissen qui habitent la région de Mlakou), défendirent leur honneur jusqu’à ce que mort s’ensuivit. Les contingents de ces tribus étaient commandés par deux autres frères de Firmus, Mascezel et Dius.

    Les environs d’Amizour

    Tiklat (Tubusuptu)

    C’est la cité des vétérans romains de la Légion VII Immunis, bâtie à une vingtaine de kilomètres de Vgayeth, à 3 kilomètres d’El Kseur, et au pied de la montagne des Ifnayen. Cette cité-forteresse, dite ’’ Tubuscum Oppidum’’, est adossée au Nord-Est d’une éminence haute de 30 mètres. Une série d’arcades, en pierre de taille, des vestiges, côtoient les herbes sauvages. Les restes d’établissements publics et les portions de mosaïques attestent du goût artistique des habitants de cette cité implantée au cœur de la Petite Kabylie.

    On nous l’a présentée jadis comme une cité fantôme, une cité placée hors du temps et de l’histoire. La mémoire collective n’a retenu que les mystérieux tunnels peuplés de moustiques géants et d’introuvables trésors enfouis sous des tonnes de pierres. Nul n’est venu nous la décrire et nous fournir des renseignements historiques ou archéologiques. Le réalisateur du film ’’La montagne de Baya’’, Azzeddine Meddour, a fait connaître aux téléspectateurs le site ’’Tiklat’’ (Tubusuptus) en mettant en scène un chercheur de trésor. En vain, car le trésor est demeuré introuvable. En revanche, un vieux coffre empli de pièces d’or, datant des Almohades a été trouvé au niveau du virage, avant d’arriver à la ferme coloniale, lors des travaux engagés, pour élargir la route nationale

    La route d’El Kseur

    On trouve, sur la crête du site, de vastes citernes, un château d’eau comprenant quinze compartiments, au bas près de la colline, les débris d’un temple dont les murs sont corrodés par les eaux de la Soummam et qui finiront par être emportés un jour. Près du temple, des bâtiments défient encore l’usure.

    Tubusptu a fait son nid d’aigle sur le sommet d’un mamelon rocheux. Les ailes du rapace s’allongent jusqu’au creux de la vallée, les détrempant dans la Soummam. La ville avait une vocation agricole, les Romains avaient su diriger le captage de l’eau de la rivière pour les besoins de l’irrigation, au moyen de travaux de barrage dont il reste quelques conduites.

    Il y a aussi les vestiges d’un aqueduc qui prend sa source à Aghbalou à proximité d’Aït Imel-Aït Jlil, traversant Iznagen et alimentant Tubusptu.

    Takfarinas, un chef berbère, en réaction contre l’injustice des Romains, occupa Tubusuptu en l’an 25. Le proconsul Dellabella vint le forcer à lever le siège.

    Trois siècles plus tard, Firmus, fils de Nubel de la nation quinquegentienne (tribus Kabyles du Djurdjura), se révolta contre le gouverneur impérial Romanus, qui a interdit de pratiquer le culte donatiste. L’empereur s’empressa d’envoyer en Afrique le Comte Théodose qui arriva à Tubusuptu et l’investit. Firmus, ayant perdu la bataille, ne se laissa pas prendre vivant ; au moment d’être livré par un allié perfide, il se donna la mort.

    Une inscription, trouvée en exécutant les travaux de terrassement de la nouvelle église de Vgayeth, signalait, que vers l’an 293, une autre expédition aurait été dirigée contre les quinquegentiens : « A Junon et aux autres divinités immortelles ! En reconnaissance de ce que, après avoir réuni autour de soi les soldats de nos seigneurs, les invincibles Augustes, tant ceux de la Mauritanie Césarienne que ceux aussi de la Sétifienne, il a attaqué les quinquegentiens rebelles" (…) Aurelius Litua, homme perfectissime, gouverneur civil de la province de Mauritanie Césarienne a élevé ce monument".

    Plus tard, Gildon, frère de Firmus, prit le flambeau de la résistance. Il a fallu l’intervention du Comte Boniface, général de Valentinien III, pour venir à bout des tentatives d’insurrection.



    Commentaire de gaddy (25/12/2006 09:45) :

    je voudrais par cette modeste contribution apporter une contribution au sujet de l'origine du nom " akbou". Aqebbu aurait été l'écriture la plus juste en tamazight car ce terme renvoie au piton ( colline )qui domine aujourd'hui la ville. Cette dénomination est similaire avec le nom donné à la ville d'Akabiou du côté de Timezrit, et justement cette dernière est caractérisée tout aussi particulièrement par un piton à l'image d'Akbou, sauf que la prononciation d'Akbou dans le parler local de Timezrit c'est Akabiou,comme pour amasutt (le maçon) du côté des ath-weghlis on l'appelle amasiw...voilà le voile levé!


    Commentaire de nordine (03/05/2007 12:24) :

    Azul merci de cette visite courte et jolie thannemirth http://www.soummam.org





    Garama, cité des conducteurs de chars, bâtisseurs dans le Fezzan antique et peintres dans le Hoggar ...

    16/02/2005 23:24



    Par Nacer Boudjou
     
    Qui étaient les Garamantes ? Etaient-ils des descendants des populations Numides, Gétules, Imouchakhs... ? Ou bien étaient-ils les successeurs de ce que les Egyptiens appelaient ‘’les peuples de la mer’’, qui vinrent de Crète et sans doute de beaucoup plus loin pour attaquer l’Egypte et qui se mêlèrent ensuite aux Libyens ? Les nombreuses gravures représentant des chars peints ou gravés, démontrent que les populations cavalières issues des "peuples de la mer" avaient atteint le Niger, 1000 ans avant notre ère.

     
    Les Garamantes, ce sont des berbères libyens habitant le Fezzan en Tripolitaine, le Tassili N’Ajjer et l’Air, depuis le troisième millénium ‘’âge d’or’’ avant notre ère. Ils ont établi leur capitale à Garama (Djerma moderne), Tagharma ou Tighramt ( ville fortifiée, citadelle) en Tamazight. Cette capitale se trouve au sud de Sabratha et de Magna de Pepcis. Le nom des Garamantes (Idjarmanyan ou Ath Tgharma) signifierait « les gens de la cité ». Les nombreuses ruines, des tombes et constructions diverses qui occupent l’oued El-Agial, témoignent en faveur de cette hypothèse.

    Garama en ruines
    Garama en ruines

    Le nom de Djerma désigne aussi une race de cheval de sang provenu des races de Bavure (cheval léger d’équitation d’Afrique nordique). Lire l’article sur les Chevaux Barbes On le trouve aussi au Niger moyen, en Afrique Occidentale. Il est connu en outre, sous le nom de Dongola, Dongalawi, Dongolas, Dongolaw, cheval de sang trouvé au Soudan nordique et l’Erythrée occidentale. Les berbères de Garama ont été connus par les historiens et voyageurs de l’antiquité pour être de puissants bâtisseurs et artistes-peintres à leurs heures. Ils maîtrisent le cheval et le char avant l’introduction du dromadaire en Afrique. Leurs descendants occupent aujourd’hui diverses régions des états modernes de la Libye, du Tchad, du Niger et de l’Algérie. Ils ont développé le commerce dans les régions centrales du grand désert en organisant des caravanes. Ils sont connus aussi pour avoir conduit des incursions sur les Carthaginois et les Romains installés dans les villes des rivages de la Méditerranée.

    Situation de Garama

    Les Garamantes ont été introduits dans la sphère romaine quand Lucius Cornelius Balbus, Proconsul de l’Afrique a envahi le Fezzan et occupé militairement leurs oasis. Plus tard, au sixième siècle, alors qu’ils sont christianisés, les armées de l’empire de Byzance les ont mis sous leur tutelle. En plus, ils ont érigé des fortifications pour contrôler Zuila (Zuela moderne), d’autres oasis et les routes sahariennes.

    Garama antique
    Garama antique

    « À dix jours de voyage d’Augila, il y a également une colline de sel et une source, les palmiers y poussent abondamment comme ils le font près des autres collines de sel. Cette région est habitée par un peuple appelé Garamantes, un peuple très puissant, qui recouvre le sel avec de la boue pour y semer ensuite ses cultures. C’est de là que la route est la plus courte vers le pays des Lotophages, un voyage de trente jours. Dans le pays des Garamantes, on trouve des taureaux qui, lorsqu’ils paissent, marchent à reculons. Ils agissent ainsi parce que leurs cornes s’avancent tant vers l’avant de leur tête que, s’ils avançaient en paissant, leurs cornes se planteraient dans le sol. Ce n’est qu’en cela qu’ils diffèrent des autres taureaux, ainsi que par l’épaisseur et la dureté de leur cuir. Les Garamantes ont des chariots attelés à quatre chevaux, sur lesquels ils pourchassent les Éthiopiens Troglodytes qui, de tous les peuples dont l’écho ait pu parvenir à vos oreilles, est celui dont les pieds sont, de loin, les plus rapides. Les Troglodytes se nourrissent de serpents, de lézards et d’autres reptiles du même genre. Leur langage, contrairement à celui des autres peuples, ressemble à des couinements de chauve souris... »

    Immeseridjen
    Immeseridjen
    Un personnage caballin armé d’un javelot court à côté du char

    Ce chapitre d’Hérodote (IV.183) est la seule mention qu’il fit du peuple des Garamantes. Quelques exemples de gravures rupestres dans le Tassili n’Ajjer, dans le massif du Hoggar et plus au sud dans l’Addrar des Ifoghas les représentent dans leurs courses et dans leurs activités. Cet historien grec cite les Garamantes parmi les peuples habitant l’intérieur de la Libye, en situant leur pays à trente jours de la Méditerranée. Or, fait remarquable, ce fut là exactement le temps que, sous le règne de Domitien, le Romain Septimius Flaccus mit pour atteindre Garama à partir de Leptis Magna. Tite-Live et Strabon placent vaguement les Garamantes à proximité des Emporia de la Petite Syrte. Ils les situent entre les Gétules au Nord et les Éthiopiens au sud.

    Les Garamantes parcouraient le Tassili et toutes les contrées des Imouchaghs. Il serait même probable qu’ils auraient poussé encore plus au Sud, jusqu’au fleuve Niger et la région de Gao. Quant au peuple troglodyte cité par Hérodote, il est installé dans le massif du Tibesti au Nord du Tchad, et forma l’ethnie des Toubous.

    Un peuple et une civilisation du désert

    Des différents peuples du Sahara antique, celui des Garamantes fut certainement le plus important, le plus industrieux et aussi le plus évolué. Le cœur de cette civilisation se trouvait dans le sud de l’actuelle Libye, en bordure du massif du Fezzan. Il n’est pas exagéré de dire qu’il exista une culture garamantique nourrie d’un commerce transsaharien qui assurait les relations entre les pays du Nord, imprégnés des civilisations méditerranéennes et ceux du sud où la savane abrite les cultures africaines.

    Vestiges d’une ville fortifiée
    Vestiges d’une ville fortifiée

    Les Garamantes faisaient partie de cet ensemble de populations à peau sombre qui se distinguent des négroïdes soudanais et des blancs méditerranéens. Au cours de l’histoire, ce type de population de cultivateurs sédentaires fut connu sous des noms divers ; le plus répandu est celui de Harasse mais, au Maroc et dans le Sahara occidental, ils sont appelés Ahanant et au Fezzan, Chouchan. On a cru longtemps que les Haratin étaient les descendants des esclaves soudanais traînés à travers le désert pour atteindre l’Afrique du Nord, mais ces mélanodermes se disent Izaggaghen, c’est-à-dire les Rouges, en Tamachakht. La population du Sahara à la fin du Néolithique présentait les mêmes variétés que l’actuelle. L’étude des peintures et gravures semble également confirmer ce point de vue.

    Les Garamantes aidèrent Takfarinas en guerre contre Rome

    Les Garamantes aidèrent Takfarinas en guerre contre Rome Au début de notre ère, l’Empire romain était en pleine expansion et les riches colonies d’Afrique du Nord, devaient être pacifiées et protégées. En 20 avant notre ère, le proconsul d’Afrique Lucius Cornelius Balbus partit à la conquête du pays des Garamantes et s’empara de sa capitale. Quelques années plus tard, le peuple de Garama aida ouvertement Tacfarinas qui menait un grand mouvement d’insurrection contre Rome.

    La paix s’instaura pour quelques décennies, mais à la mort de l’empereur Vespasien, en 70 de notre ère, les Garamantes s’immiscèrent dans la vie politique de l’empire en répondant à l’appel des habitants d’Oea, l’actuelle Tripoli, qu’ils aidèrent à assiéger et piller l’opulente Leptis Magna. Il fallut attendre l’avènement de Septime Sévère (193-211), une dynastie berbère pour que la Pax romana s’étende sur la région. Les routes, devenues plus sûres, permirent un nouveau développement du commerce et le pays des Garamantes connut alors son apogée.

    Dans l’Antiquité tardive, le souvenir des Garamantes s’estompe quelque peu. Les témoignages sur cette nation que Tacite disait indomptée redeviennent vagues et entachés par le mythe. Paul Orose, prêtre d’origine espagnole qui rédigea en 416 de notre ère, à la demande de saint Augustin, une Histoire contre les païens, les situe sur les bords de l’océan Méridional qui est une création littéraire. En 569, le chroniqueur Jean de Biclar annonce la conversion des Garamantes au christianisme. Une étude récente de René Rebuffat trouve une curieuse mention du roi des Garamantes dans le Don Quichotte de Cervantès (I,18) : Pentapolin, tel est le nom que Cervantès donna à ce géant issu de l’imagination de l’ingénieux Hidalgo, et que l’on rapprochera de la Pentapole de Cyrénaïque : manifestement, le Pirée sera encore souvent pris pour un homme.

    Villes et nécropoles

    Djerma, reconnue depuis longtemps comme occupant le site de l’antique Garama, capitale des Garamantes, avait été mentionnée par Pline l’Ancien à propos de l’expédition de Cornelius Balbus en 20 avant notre ère. Ptolémée la qualifiait de « métropolis ». Les fouilles effectuées à Djerma même et dans les sites voisins de Zinchecra et Saniat Gebril ont révélé le rôle de commandement qu’exerça Garama depuis les temps pré-romains jusqu’à la conquête arabo-musulmane en 642 de notre ère.

    Le mausolée romain de Djerma

    Le célèbre mausolée de Djerma date de l’époque flavienne et plus particulièrement du règne de Domitien. La présence de vases en terre marqués d’un sceau issus de l’officine de Rasinius Pisanus, qui fut très active sous Domitien, confirme ces données. C’est encore du Ier siècle de notre ère que datent les tombes à incinération de rite romain jouxtant le mausolée et contenant des amphores importées de type grec portant pour la plupart, des inscriptions en caractères libyques (Tifinagh). De nombreux ossements de bœufs et de moutons, en grande partie brûlés, attestent l’existence d’un culte funéraire et la pratique de l’incubation qu’Hérodote signalait déjà chez les Nasamons (les peuples adorant le Dieu Amon).

    Immeseridjen
    Immeseridjen
    Un personnage caballin armé d’un javelot court à côté du char

    La nécropole de l’oued El-Agial

    La vallée de l’oued El-Agial est d’une extraordinaire richesse en sépultures de types divers. Les types de tombe les plus fréquents sont : l’adebni, sorte de tumulus de pierre surbaissé prolongé ici par deux traînées de pierres ou antennes, le chouchet, monument de forme cylindrique ; la bazina, construction dont le mur extérieur, généralement vertical ou avec un léger fruit, est fait d’un empilement régulier de pierres, sur plusieurs assises circulaires à gradins ; la pyramide en argile crue ou revêtue de pierres.

    Zinchecra

    D’autres fouilles récentes ont porté sur Djerma mais ce n’est pas là que se trouve le site d’habitat le plus ancien. Celui-ci est à Zinchecra, éperon qui domine la vallée de l’oued El-Agial. Ce relief fut le siège d’une longue occupation : trois cents habitations au moins furent repérées, accrochées aux versants abrupts. Ces maisons avaient une couverture en palmes aussi bien que les enclos pour le bétail. La dernière période qui va jusqu’à la fin du Ier siècle de notre ère possède des constructions plus élaborées disposant de cloisons en briques crues. Une enceinte sommaire limitait la ville en contrebas de l’agglomération.

    Le site de Ganiat Gebril a révélé une abondante céramique du Ier au IIIe siècle. Ce village semble avoir eu une certaine vocation industrielle, de nombre ateliers de forgerons, de vanniers et de tisserands se mêlent aux habitations de plan sommaire.

    Tessakarot, peut être une course de chars. Des traces d’un deuxième char se trouvent légèrement devant le premier. On remarque par ailleurs les roues à double cercle, peut être la représentation d’une garniture métallique.

    C’est des Lybiens, que les Grecs ont appris à atteler à quatre chevaux. (Hérodote - histoires IV - Vè siècle avant JC )

    Le nom de Libye provient d’une tribu, les Lebous, qui vivait en Afrique du Nord. Le terme est repris par les Grecs pour désigner toutes les populations de l’Afrique du Nord. La Libye désigna alors toute l’Afrique. Les Libyens orientaux entrent dans le cours de l’histoire lors des bataillent qui les opposent à l’Egypte. Les Libyens sahariens ne sont eux connus que par des sources archéologiques. Comme pour les Proto berbères Bovidiens, l’art rupestre paléoberbère demeure la source la plus importante pour les débuts de l’histoire au Sahara. Cet art possède une unité culturelle et dont les mots clés sont : le cheval et le char, l’écriture et le métal. On peut, selon Malika Hachid, distinguer dans cette période deux séquences. La première est celle des ‘’Libyens sahariens’’. La seconde est la plus longue et se poursuit dans la période cameline que l’on peut désigner sous le terme générique de ‘’Garamantes’’, le peuple paléoberbère le plus connu de l’antiquité.

    Takedoumatine, char monté par deux hommes, le deuxième est arc bouté sur le timon. En dessous un mouflon de la période "têtes rondes".

    L’hypothèse la plus logique est de considérer que le cheval appartient au monde eurasiatique et ne pénètre en Afrique qu’après avoir été domestiqué vers 1500 avant notre ère. Les témoignages de l’existence du char et cheval dans les armées du pharaon sont multiples. De là, l’animal a pu se répandre chez les Libyens orientaux puis sahariens. L’introduction du char à partir de l’Egypte est la plus plausible. Les Libyens ont pu aussi emprunter des éléments de technologie et réaliser un engin approprié à leurs besoins. Le char était un instrument de prestige des élites. Il servait aussi à la chasse. Les Garamantes ont su mettre en place une structure politique élaborée en organisant une puissante confédération avec un véritable roi à sa tête. Une nature guerrière associée au sens de l’administration leur a permis de contrôler les pistes caravanières. Ce royaume qui s’est plusieurs fois confronté à Rome avant de faire alliance a duré plus de 1000 ans jusqu’à la conquête arabo-musulmane au VI siècle. Ces Garamantes sont facilement identifiables aux images rupestres dont le contexte socioculturel présente de nombreuses similitudes avec les Touaregs.

    Tin Aboteka, l’attelage d’un char de cérémonie

    Les Garamantes artistes-peintres

    Le dernier inventaire des gravures de chars en 1982, dénombre 631 exemplaires répartis dans le massif du Tassili n’Ajjer, le Hoggar (Algérie), l’Aïr ou Azbine (Niger)

    La représentation typique des chars dans les peintures caballines du Tassili est celle dite des ‘’chars au galop volant’’, tirés par des chevaux. On observe généralement deux chevaux, quelques fois trois ou quatre, attelés à un ou deux timons. La plate forme se situe en avant de l’essieu. Sur la plate forme se tient le conducteur, le plus souvent seul. C’est toujours un personnage avec une tête en forme de bâtonnet. Quelques peintures montrent cependant plusieurs passagers, comme cette peinture de Tin Aboteka où le conducteur est accompagné d’une femme et évoquent alors des scènes de chasse ou de prestige.

    Les Garamantes, berbères à la fois occupant le sud libyen, le désert du Tassili et du Hoggar ont beaucoup apporté à la civilisation africaine, méditerranéenne et universelle. Ils ont dressé leurs chevaux (une race qui leur est propre) à la course des chars. Qui ces engins de locomotions légers sont supposés être inventés par eux. Ils ont érigé des cités fortifiées en s’adaptant au climat et en développant une agriculture florissante. Ces berbères du désert pratiquaient des transactions commerciales entre les Africains des pays du Sahel et les populations du Nord. Ils sont aussi des grands artistes en réalisant des fresques sur des parois rocheuses. Leurs qualités guerrières ne sont pas des moindres, ils ont repoussé leurs ennemis et ont signé des alliances avec des chefs berbères pour en finir avec diverses occupations






    Lieu de mémoire amazigh en Tunisie : El Djem (Thysdrus)

    16/02/2005 23:06



    L’amphithéâtre d’El Djem, une cité antique berbère, capitale de l’huile et du blé, a servi de citadelle à la reine berbère Kahina-Damia, pour résister aux hordes arabo-musulmanes qui avaient ravagé la Lybie et le sud de la Tunisie. Une découverte dans cet amphithéâtre, gardée dissimulée par les historiens et la mémoire collective, nous fait croire à la thèse que les berbères du Nord utilisaient encore au VIé-VIIé s la transcription berbère (Tifinagh) à l’instar des Imouchaghs (Touaregs).
     
    Par Nacer Boudjou

    El Djem, se trouvant au sud, prés de Mahdi, à 205 km de Tunis, est appelé autrefois en berbère Thysdrus. Cette cité était la capitale de l’huile et du blé de l’Africa Nova.
    Son nom Thysdrus ou Thysdrae s’est fait connaître, lors de la Guerre d’Afrique menée par Jules César. Ce général romain était à Ruspina (actuelle Monastir), quand il recevait une délégation de citoyens de Thysdrus, venue demander la protection de leurs biens. Vu que ce chef militaire ne s’était pas manifesté, ils s’étaient ralliés dans le camp des Pompéens.

    Selon la dynastie des Flaviens 69-96 ap. J.C, l’agglomération s’était développée rapidement : travaux d’urbanisation et d’adduction d’eau. A la même époque, l’amphithéâtre primitif était remplacé par un second, nettement plus fini. Vers le IIé-IIIé s Thysdrus avait atteint le statut de municipe. Elle était devenue l’égale de Hadrumetum (Sousse). Elle couvre alors une superficie de 180 hectares. Une des plus grandes villes berbéro-romaines d’Afrique dit-t-on. Son essor économique était dû, en grande partie à la culture de l’olivier, qui à partir du IIé s ap. J.C supplante le blé.

    Le Colisée (amphithéâtre) d’El Djem avant sa restauration

    Thysdrus jouait ainsi le rôle de capitale commerciale de l’huile, à l’image de Sfax de nos jours, de Sufetula (Sbeitla) au VIe siècle et Kairouan. Dans ses ateliers d’artisanat, on fabriquait des ustensiles en céramique à vernis rouge, des figurines d’animaux et de divinités (notamment des Vénus) d’excellente facture. La métallurgie avait une place privilégiée. La sculpture sur de la pierre et du plâtre. La mosaïque et la tabletterie, fabrication d’objets en os (épingles à cheveux, dés, manches de couteaux ou étuis).

    L’intérieur, gradins en ruine

    Le colisée (amphithéâtre) "Le Château de la Kahena"

    L’amphithéâtre fut érigé au début du IIIe siècle, le troisième construit à Thysdrus, et un des derniers dans le monde romain. Il est classé 4é après Rome, Vérone, Carthage. Il mesure 147, 90 m x 122,20 m. Avec 35 m de hauteur. L’arène a la superficie de 64, 50 m x 38, 80. Pourvu de 4 étages dont les 3 premiers comportent 64 arcades chacun. Il a une capacité d’accueil de 27 000 spectateurs. Les Byzantins le transformèrent en forteresse en 647 après la débâcle de Sbeitla.

    Vue sur les gradins restaurés

    La princesse berbère Kahena quasi légendaire des Aurès, installa son poste de commandement dans l’amphithéâtre. De là, le nom de l’amphithéâtre transformé "Château de la Kahena" se confond dans celui de l’héroïne berbère. El Bekri, historien, au XIe siècle note : « On raconte que la Kahena se voyant assiégée dans cette forteresse fit creuser dans le roc un passage souterrain qui conduisait à Sallacta (au bord de la mer, à 30 km d’El Djem) et qui était assez large pour laisser passer plusieurs cavaliers de front. Par cette voie, elle faisait apporter des vivres et tout ce dont elle avait besoin. » El Tijani, historien, chroniqueur au XIVème siècle rapporte que l’amphithéâtre servit de forteresse à la population locale, lorsque les Almoravides s’emparèrent de la région vers le XIIIème siècle : « Ce château fut vigoureusement attaqué par Ibn Ghania qui, fatigué, dut abandonner le siège et se retirer honteusement. On raconte qu’après une longue résistance, les assiégés lancèrent sur lui des poissons frétillants qu’ils se procuraient par le moyen du passage conduisant à Sallacta (...) Aussi, désespérant de toute réussite, Ibn Ghania leva le siège. »

    Le colisée avant sa restauration

    Nos ancêtres Imazighen ont eu la vie dure en Tunisie. Le pays est relativement plat et c’est le premier de l’Afrique du Nord en arrivant par l’Est. Quand les conquérants Arabes sont arrivés, les Berbères tunisiens et les Carthagino-romains ont compati les premiers. Les autres, en Algérie et au Maroc, se sont réfugiés sur leurs hautes montagnes ou dans le désert. Les berbères tunisiens, ce sont le petit massif montagneux de Matmata, Tataouine, Chenini, et l’île de Djerba qui les ont préservés du péril arabo-islamique.

    Les maisons de Matmata sont des cratères de 20 m de diamètre, aux parois verticales, creusées dans la montagne. Les chambres sont communicantes et accessibles par des portes donnant sur des marches descendant vers le patio central. La cavalerie arabe ne pouvait descendre, quand les habitants tirent des flèches ou lancent des pierres de leurs chambres. Des traditions font communiquer l’amphithéâtre avec Mahdia, Sfax ou Sousse situé en bordure de mer. Le monument a continué à servir de forteresse tout au long des siècles, jusqu’en pleine époque moderne, abritant la population locale révoltée contre la politique fiscale des beys de Tunis. Pour les déloger, les armées de Mohammed Bey ouvrirent des brèches à coup de canon, détruisant les travées de l’édifice. Puis, il finit de devenir une carrière, pour la construction des habitations de la ville d’El Djem.

    Inscriptions berbères dans l’amphithéâtre d’El Djem

    « Lorsque je passai pour la première fois à El-Djem, au mois d’avril 1853, je remarquai au premier étage de l’amphithéâtre, entre les deux arcades qui font face à la mosquée, une inscription en caractères inconnus. Je réussis, non sans peine ni danger, à atteindre l’arcade et à arriver jusqu’à l’inscription en cheminant sur la corniche. Mais il me fut impossible en l’absence de tout point d’appui, d’en prendre une copie. D’un autre côté, l’inscription était placée à une trop grande hauteur pour qu’on pût la lire exactement du bas de l’édifice. Je fus donc, à mon grand regret, dans la nécessité d’ajourner l’entreprise. M. Barth suppose que l’inscription est en langue berbère et la fait remonter au temps où Kahena-Damia, la reine de l’Aurès, occupait l’amphithéâtre d’El-Djem. » A-t-il noté Ch. Tissot, Attaché à la Légation et Consulat-Général de Tunis, le 27 mai et 4 avril 1856. Cette découverte est très peu connue par les historiens. Tissot suppose comme le docteur Barth (chercheur et explorateur allemand ). Bien que Tissot n’eut pas la moindre notion de l’alphabet berbère ou peut-être parce qu’il ignorait les caractères de l’inscription dataient de l’époque où les Berbères défendaient El-Djem contre l’invasion musulmane. Un passage d’El-Tidjani, qui appelle l’amphithéâtre le Château de la Kahena et raconte le siège qu’elle y soutint, donnait une certaine vraisemblance à cette supposition.

    Première inscription

    Les caractères de l’inscription de la première inscription n’appartiennent, à coup sûr, à aucune variété de l’écriture arabe. Deux ou trois lettres, à la rigueur, pourraient s’attribuer à l’alphabet hébraïque. Il n’y a aucun rapport, en effet, entre les caractères dont il s’agit et l’alphabet berbère, tel qu’on croit l’avoir retrouvé chez les Touareg.

    Seconde inscription

    La seconde inscription a la physionomie beaucoup plus berbère que la première. Quelques-unes des lettres qui la composent sont identiques à certains caractères de l’inscription de Thougga (Dougga), retrouvés dans l’alphabet des Imouchagh (Touareg). Mais beaucoup d’autres peuvent passer pour des signes numériques arabes.



    Commentaire de Dioan (27/03/2007 13:29) :

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    La Table de Jugurtha : un site historique amazigh à Kelâat-Es-Senan en Tunisie

    16/02/2005 23:01



    Beaucoup de ces berbères tunisiens de Tejarouine et de ceux des nombreuses associations culturelles de tout le Kef se revendiquent de la descendance de Jugurtha.
    mis en ligne le vendredi 5 décembre 2003

    C’est le 1er janvier 104 de notre ère que l’Aguellid des Imazighen fut exécuté.

    Par Nacer Boudjou

    En guise d’introduction, je rappelle à tous, bientôt cela fera 19 siècles ( le 1er janvier 2004 ), jour pour jour que Jugurtha, roi de tous les berbères fut exécuté (le 1er janvier 104 de notre ère) dans sa prison du Tullianum, sur le Forum romain en Italie. L’illustre chef Amazigh a subi d’ultimes supplices. Ses deux fils, qui avaient précédé le char du triomphe, furent envoyés à Venusia, où ils passèrent leur vie dans la captivité.

    Après avoir perdu devant les armées impérialistes romaines : Cirta Nova Sicca (Le Kef)), Vaga (Béja), Thala, Capsa (Gafsa), Tissidium, Zama (Jemma) en Tunisie, Suthul près de Calma (Guelma) en Algérie et Leptis Magna en Lybie, Jugurtha, le héros de la résistance Amazighe occupa momentanément des places fortes, inaccessibles à la cavalerie ennemie, tel ce rocher, ainsi nommé ’’La Table de Jugurtha’’, dans la région du Kef en Tunisie.

    Ce site naturel se trouvant au sud de Tajerouine, près de Kelâat-Es-Senan en Tunisie, a servi de forteresse aux armées numides de Jugurtha. C’est une curiosité naturelle, formée d’un immense plateau de 200 mètres tombant à pic de tous les côtés. Il a une superficie à plus de 80 hectares. On peut y monter grâce à un escalier taillé dans le roc, avec 150 marches d’époque byzantine. Plus tard, ce rocher devient une forteresse d’insoumis qui résistèrent longtemps aux troupes beylicales avec son chef, Senan. Kelâat-Es-Senan est une commune du Gouvernorat du Kef, un gouvernorat qui a environ 275.000 habitants (3,1% de la population de la Tunisie), qui comprend 12 communes (le Kef, Kelâat-Es-Senan, Tajerouine, Sakiet Sidi Youssef, Kalaâ Khasba, Touiref, Menzel Salem, Djerissa, Dahmani, El Ksour, Nebeur et le Sers). Il a environ 145 km de frontière avec l’Algérie

    Ceci étant, d’en haut de la ’’Table de Jugurtha’’ on a une vue sur tout le pays. On peut voir les collines de l’Est algérien. De vieilles racines retenaient de grosses pierres brunies par le temps. Un chemin sculpté par le flux et le reflux des pèlerins ou de flâneurs s’enveloppe d’un mystère. Des ruines d’une vie antérieure sont perceptibles. Elles dressent l’étendard de la fidélité et de la fierté. C’est une cité primitive dont une partie était creusée dans la roche et une autre bâtie sur une plate-forme. Une fortification naturelle, hissée sur de falaises tombant à pic. Des nuées de rapaces survolent le ciel brumeux, dérangées par les exclamations des visiteurs. A croire que toutes les forteresses des vieilles médinas s’étaient inspirées de ce site abrupt, sans paroles et sans écriture, à l’écart des cités antiques et des grandes agglomérations actuelles. Un lieu de mémoire. Un lieu de résistance et de survie.

    Jugurtha traqué, persécuté, trahi par ses proches avait dû s’y réfugier avec ses armées, sa population, combattant Rome impériale. Le bétail et les troupeaux de chèvres ou de moutons avaient leurs bassins d’eau et suffisamment de l’herbe grasse, ainsi que leurs étables aménagées dans des anfractuosités de la roche. Quant aux chevaux, les chevaux numides ’’Barbes’’ avaient leurs écuries. Les soldats avaient leurs casernements et le peuple leurs logements ravitaillés par des silos, des réserves de céréales et par des citernes d’eau. Des points d’observation pour les sentinelles incrustées dans la roche sont jusqu’à présent visibles. Des vestiges de pâtés de maisons et d’un fort subsistent jusqu’à présent. Des bougies brûlent au milieu des ruines d’une ancienne église. Un mausolée d’un saint « Sidi Djawar » constitue un lieu de pèlerinage des tribus vivant dans la vallée, au bas de la ’’Table de Jugurtha’’ à Kalât-Es-Senan.

    On croit savoir que l’armée romaine avait tenu siége au pied de la falaise. Elle avait établi un camp équipé de herses. Des postes avancés protégés de tronc d’arbres étaient dressés au pied de la falaise. Les pierres ayant servi aux travaux étaient encore perceptibles. La présence de cendre, de restes d’escargots, de débris de silex... témoignent de l’occupation des lieux au temps préhistorique. En visitant ce lieu, il y de quoi « être berbère et le revendiquer avec énergie ». Tout au long de l’escalade, on transpire sa berbérité sous ses aisselles, jusqu’aux creux de ses genoux, entre ses orteils, sur tout son corps.

    Un extrait de "La guerre de JUGURTHA" par l’historien latin Salluste relate comment les armée romaines ont délogé Mass Jugurtha, sans toutefois le vaincre. Puisque d’autres batailles ont eu lieu jusqu’au jour où Bocchus le livra aux Romains.

    « XCII.(...) Non loin de la rivière Mulucha, qui séparait les états de Jugurtha de ceux de Bocchus, était, au milieu d’un pays tout plaine, un rocher très haut, avec une plate-forme suffisante pour un petit fort, et un seul sentier très étroit pour arriver au faîte, taillé à pic par la nature ; il semblait avoir été travaillé de main d’homme, suivant un plan. Tel était le poste que Marius voulut prendre de vive force, parce qu’il renfermait le trésor de Jugurtha. La chose s’accomplit, grâce plus au hasard qu’à sa prévoyance. Il y avait dans le fort pas mal de soldats, une assez grande quantité d’armes et de blé, et une source. Les terrasses, les tours et autres machines de guerre ne pouvaient, dans l’affaire, servir à rien, le sentier menant au fort étant très étroit, avec des bords escarpés. C’est avec de gros risques et sans aucun profit qu’on poussait en avant les mantelets, car, pour peu qu’on les avançât, ils étaient détruits par le feu et les pierres. L’inégalité du terrain ne permettait pas aux soldats de rester devant leurs ouvrages, ni de servir sans danger sous les mantelets ; les plus braves étaient tués ou blessés, et l’effroi des autres en était accru.

    XCIII. Marius perdit là bien des journées et se donna en vain beaucoup de mal. Il se demandait avec anxiété s’il renoncerait à une entreprise qui s’avérait inutile ou s’il devait compter sur la fortune, qui souvent l’avait favorisé. Il avait passé bien des jours et des nuits dans cette cruelle incertitude, quand par hasard, un Ligure, simple soldat des cohortes auxiliaires, sortit du camp pour aller chercher de l’eau sur le côté du fort opposé à celui où l’on se battait. Tout d’un coup, entre les rochers, il voit des escargots, un d’abord, puis un second, puis d’autres encore ; il les ramasse, et dans son ardeur, arrive petit à petit près du sommet. Il observe qu’il n’y a personne, et, obéissant à une habitude de l’esprit humain, il veut réaliser un tour de force. Un chêne très élevé avait poussé entre les rochers ; d’abord légèrement incliné, il s’était redressé et avait grandi en hauteur, comme font naturellement toutes les plantes. Le Ligure s’appuie tantôt sur les branches, tantôt sur les parties saillantes du rocher ; il arrive sur la plate-forme et voit tous les Numides attentifs au combat. Il examine tout, soigneusement, dans l’espoir d’en profiter bientôt, et reprend la même route, non au hasard, comme dans la montée, mais en sondant et en observant tout autour de lui. Puis sans retard, il va trouver Marius, lui raconte ce qu’il a fait, le presse de tenter l’ascension du fort du même côté que lui, s’offre à conduire la marche et à s’exposer le premier au danger. Marius envoya avec le Ligure quelques-uns de ceux qui assistaient à l’entretien, afin de vérifier ses dires ; ils présentèrent l’affaire, suivant leur caractère, comme aisée ou difficile. Pourtant, le consul reprit confiance. Parmi les trompettes et joueurs de cor, il en choisit cinq des plus agiles, avec quatre centurions pour les défendre, enjoignit à tous de se mettre aux ordres du Ligure et décida que l’affaire serait exécutée le lendemain.

    XCIV. Au moment fixé, tout étant prêt et heureusement disposé, on gagne l’endroit choisi. Les ascensionnistes, endoctrinés par leur guide, avaient changé leur armement et leur costume. Tête et pieds nus, pour mieux voir de loin et grimper plus aisément dans les rochers, ils avaient mis sur leur dos leur épée et leur bouclier, fait de cuir comme celui des Numides, pour moins en sentir le poids et en rendre les chocs moins bruyants. Le Ligure allait devant et, quand il rencontrait un rocher saillant ou une vieille racine, il y fixait une corde pour faciliter l’ascension des soldats ; de temps en temps, quand les difficultés du sentier leur faisaient peur, il leur tendait la main, et, si la montée était un peu plus difficile, il les faisait passer un à un devant lui en les débarrassant de leurs armes, qu’il portait lui-même par derrière ; dans les endroits dangereux, il allait le premier, tâtait la route, montait et redescendait plusieurs fois, s’écartait brusquement, et donnait ainsi courage à tous. Après de longues et dures fatigues, ils arrivent enfin au fort, désert de ce côté, parce que, comme les autres jours, tout le monde était en face de l’ennemi. Marius, informé par des estafettes de ce qu’avait fait le Ligure, et qui, tout le jour, avait tenu les Numides acharnés au combat, adresse à ses soldats quelques mots d’encouragement ; puis, sortant lui-même des mantelets, il fait former et avancer la tortue, et, en même temps, cherche à jeter de loin l’épouvante chez l’adversaire avec ses machines, ses archers et ses frondeurs. Mais souvent déjà les Numides avaient renversé ou brûlé les mantelets romains, et ils ne se mettaient plus à couvert derrière les remparts du fort ; c’est devant le mur qu’ils passaient les jours et les nuits, injuriant les Romains, reprochant à Marius sa folie, menaçant nos soldats des prisons de Jugurtha : le succès les rendait plus violents. Cependant, tandis que Romains et ennemis étaient occupés à se battre, avec acharnement des deux paris, les uns pour la gloire et la domination, les autres pour leur vie, tout à coup le son de la trompette éclate par derrière ; d’abord, les femmes et les enfants, qui s’étaient avancés pour voir, prennent la fuite, suivis par les combattants les plus rapprochés du mur, enfin par toute la foule, armée ou sans armes. A ce moment les Romains redoublent de vigueur, mettent l’ennemi en déroute, le blessent sans l’achever, progressent en marchant sur le corps des morts et, avides de gloire, luttent à qui atteindra d’abord le mur, sans qu’aucun s’arrête au pillage. Ainsi la chance corrigea la témérité de Marius, qui trouva une occasion de gloire dans la faute qu’il avait commise. »

    L’historien Plutarque nous a transmis un récit détaillé de l’exécution de Jugurtha qui a eu lieu, le 1er janvier 104, pendant le triomphe de Marius : « Revenu d’Afrique avec son armée, il (Marius) célébra en même temps son triomphe et offrit aux Romains un spectacle incroyable : Jugurtha prisonnier ! Jamais aucun ennemi de ce prince n’aurait jadis espéré le prendre vivant, tant il était fertile en ressources pour ruser avec le malheur et tant de scélératesse se mêlait à courage !... Après le triomphe, il fut jeté en prison. Parmi ses gardiens, les uns déchirèrent violemment sa chemise, les autres, pressés de lui ôter brutalement ses boucles d’oreilles d’or, lui arrachèrent en même temps les deux lobes des oreilles. Quand il fut tout nu, on le poussa et on le fit tomber dans le cachot souterrain... Il lutta pendant six jours contre la faim et, suspendu jusqu’à sa dernière heure au désir de vivre... », il aurait été étranglé, selon Eutrope, par ordre de Marius. C’est dans la prison du Tullianum, sur le Forum romain, que l’illustre condamné subit ces ultimes supplices. Ses deux fils, qui avaient précédé le char du triomphe, furent envoyés à Venusia, où ils passèrent leur vie dans la captivité. Pour plus de détails sur la vie de Jugurtha on peut consulter : Plutarque, Vie de Marius ou Le Gall, « La mort de Jugurtha » dans la Revue de Philologie de littérature et d’histoire ancienne, t. XVIII, 1944 pp. 94

    Le Professeur Berthier, dans une de ses conférence, a fait le point sur la crédibilité des textes anciens latins. Que les historiens contestent cette crédibilité. Il a démontré dans ses recherches la localisation de Cirta en Algérie et la bataille de la Mullucha en Tunisie. Les textes des historiens de l’époque, Salluste ou Flavius Josephe, correspondaient avec précision dans le cas de la Mullucha à un massif appelé la ’’Table de Jugurtha’’.

    Aujourd’hui de Kalâat Es-Senan, une ville au pied de la ’’Table de Jugurtha’’ se glorifie de posséder le site historique Amazigh le plus prestigieux de toute la Berbèrie Orientale. Certains pourront vous montrer même du doigt sur leurs terrasses cette forteresse de l’Aguellid des Numides. Beaucoup de ces berbères tunisiens de Tejarouine et de ceux des nombreuses associations culturelles de tout le Kef se revendiquent de la descendance de Jugurtha.

    Crédit iconographique Andréas M. Winter et Le Schwarz






    Quand les chevaux ‘’Barbes’’ berbères ont mis fin à la Guerre 1914-1918

    16/02/2005 22:55



    Par Nacer Boudjou

    A l’origine, le cheval ‘’Barbe’’, berbère en l’occurrence, était utilisé comme cheval de guerre par les Maures, les Numides, les Carthaginois, et par Jules César pour conquérir les Gaules. Ce cheval brilla durant des siècles et particulièrement en 1870, au milieu des désastres de la guerre Franco-allemande. Mais c’est singulièrement lors du premier conflit mondial de 1914-1918, en Macédoine, où il apportera la preuve de ses qualités exceptionnelles. Et plus récemment l’armée Allemande ouvrira les portes de Moscou avec des Barbes réquisitionnés en Tunisie par Rommel.
     

    C’est un faux tempérament froid allié à une véritable intelligence.
    C’est un faux tempérament froid allié à une véritable intelligence.}

    Appelé cheval de Barbarie par les auteurs Romains il y a plus de 2000 ans, le Barbe a toujours été élevé en Libye, Tunisie, Algérie au Maroc et depuis longtemps en France. Physiquement très endurant et supportant sans peine toutes les privations, il quitta très tôt les pays du berceau de race pour rayonner en Italie, Espagne et France sous la selle de guerriers mal connus, donc désignés sous le nom de Barbares qui fut pareillement attribué aux chevaux Barbes.

    Selon plusieurs hypothèses, on avance que son admission en Afrique du Nord date du IIème millénaire avant JC, mais des ossements d’espèce chevaline datant de 4000 ans et plus ont été découverts dans des gisements en Algérie. Ajoutons à cela des peintures rupestres et des gravures représentant des chevaux qui ont été découvertes dans le Hoggar, le Tassili et en Kabylie.

    On croit savoir que les Lybiens inaugurèrent la tradition des jeux du char et de l’honneur fait aux conducteurs de chars, notamment féminins qui donna naissance au mythe d’Athéna (Tineiht, devenue Neith en Egypte, Athéna en Grèce et Minerve à Rome), déesse de la guerre et de la raison à la fois symbolisée par la jeune fille victorieuse lors des jeux du char.

    Stèle d’Abizar
    Stèle d’Abizar
    IIIe-IIe siècle avant J-C (Kabylie) Musée de Constantine

    En tous cas, en Afrique du Nord, le cheval fait partie intégrante de la vie de l’homme, dans toute son histoire. Strabon (58 av. JC, 25 après JC) rapporte dans ses écrits de quelle manière les cavaliers numides d’Afrique du Nord « montaient leurs chevaux ‘’sans frein’’, c’est à dire sans harnachement, sans enrênement, sans mors, ce qui est remarquable. Seul parfois une cordelette autour du cou pouvait servir à ralentir ou à diriger quelques chevaux. » Dès 1550, à Venise un livre contenant un chapitre ‘’La description de l’Afrique’’ parle des chevaux Barbes « Ces chevaux sont appelés en Italie : Barberi, et il en est ainsi dans toute l’Europe, parce qu’ils viennent de la ‘’Barbaria’’. Ils sont d’une espèce née dans le pays... ». Ce pays c’est l’Afrique du Nord. On se souvient que le roi Louis fit importer des étalons de la Barbaria pour ses provinces de Xaintonge et d’Auvergne.

    Le cheval Barbe possède un mental exceptionnel, calme et explosif à la fois. Lymphatique au repos, il bouillonne dès qu’on le sollicite, c’est un faux tempérament froid allié à une véritable intelligence.

    Tête de Tanit couronnée
    Tête de Tanit couronnée
    Carthage (vers 260 avant J.-C.) Cheval libre au-dessus, disque solaire entre deux uræus-cobra.

    Son énergie devenue légendaire est toujours très simple à canaliser des plaines littorales riches, celui des montagnes, celui des hauts plateaux et de la limite Nord du Sahara. Bien qu’il n’y ait jamais eu d’étude systématique à ce sujet, plusieurs publications anatomiques précisent que le cheval Barbe n’aurait que cinq vertèbres lombaires au lieu de six comme les autres chevaux. N’avoir que cinq vertèbres lombaires mobiles donne l’avantage de moins fatiguer les muscles pour supporter une charge. Cela ne gène en rien la souplesse du rein, bien au contraire puisque les muscles ne tétanisent pas. Cette particularité anatomique de la majorité des Barbes joue un grand rôle dans l’endurance qu’on leur connaît. Endurant, sobre, frugal, résistant à toutes les variations climatiques, l’étalon Barbe demeure le cheval d’extérieur et de loisir par excellence, monture rêvée pour le tourisme équestre et l’endurance On le trouvera plutôt brun rouge et gris en Tunisie, plutôt gris en Algérie, plutôt gris et bai au Maroc avec toutes les variantes de ces familles de robe. Il est toujours efficace et agréable à monter. Des sabots plutôt petits, cylindriques et durs, une croupe “en pupitre”, une encolure courte, le Barbe a une morphologie de cheval porteur et efficace. Le Barbe est à l’origine de l’élaboration de la race du Pure Race Espagnol, mais également du Pur-Sang Anglais. Il donna en effet naissance à Godolphin Arabian qui fut le chef de file de l’une des plus prodigieuses filiations de Pur-Sang Anglais.

    Endurant, sobre, frugal, résistant à toutes les variations climatiques
    Endurant, sobre, frugal, résistant à toutes les variations climatiques}

    On trouve le Barbe dans tout le territoire de Tamazgha, d’où il est arrivé à pied en France par l’Espagne et en bateau plus tard à Sète et Marseille. Dans l’antiquité, il gagnait déjà en bateau l’Italie, la France et les îles méditerranéennes. Très apprécié dans le Sud-Est de la France où il a “débarqué” en premier, il y est encore élevé en nombre dans les domaines d’Uzès et d’Annecy. Son élevage s’est étendu sur un axe Sud-Est Nord-Ouest et a gagné aujourd’hui la Bretagne, les Flandres comme l’Artois et le Nord-Est. La fantasia symbole de la virtuosité guerrière, rendue célèbre par les tableaux du peintre français Delacroix, assure la continuité d’une tradition équestre militaire authentique. Simulation de l’action militaire traditionnelle au XIXème siècle, elle reproduirait les glorieux assauts de la tactique militaire Berbère. Aujourd’hui, la charge du baroud a remplacé le coup d’arbalète. La Fantasia reste une des manifestations hippiques les plus estimées dans toute l’Afrique du Nord. En Algérie 140 associations équestres traditionnelles perpétuent la Fantasia. Au Maroc près de 1 000 ‘‘troupes’’ et près de 15 000 chevaux participent aux concours organisés par les haras nationaux à l’occasion des fêtes locales ou nationales.

    Le cheval Barbe a joué un rôle important en Europe occidentale, tout spécialement en Angleterre à partir du XVIéme siècle. C’est à Henri VIII, le contemporain de François 1er et de Charles Quint, que le Prince de Mantoue offrit plusieurs juments de cette race qui furent mises à la reproduction au Haras d’Eltham. Les cours européennes utilisaient des chevaux napolitains et andalous qui se prêtaient bien au dressage. Le Barbe, cheval d’extérieur par nature, se révéla capable de les concurrencer sur leurs propres terrains, tant son équilibre

    La Fantasia (Maroc)
    La Fantasia (Maroc)
    naturel était bon. Aussi Henri VIII, puis ses successeurs, multiplièrent-ils ce cheval dans les îles Britanniques. Olivier Cromwell, bien qu’opposé aux courses, pratiquait l’élevage, et possédait des juments Barbes qu’il faisait couvrir par l’étalon du Général Fairfax, le fameux ‘’Marocco Barb’’. En 1650, après le rétablissement de la monarchie, Charles II envoya ses écuyers acheter d’autres juments d’Afrique du Nord : ce sont les fameuses ‘’Royale Mares et Barb Mares’’. Le Barbe continue, par ailleurs, à alimenter les écoles d’équitation. Le duc de Newcastle, le célèbre auteur de la ‘’Méthode Nouvelle et Invention Extraordinaire de dresser les chevaux’’ exprime toute l’estime qu’il porte à cette race : il nous dit que le Barbe est son cheval préféré, il lui donne cette préférence « pour le modèle, la force, son naturel agréable et sa docilité. »

    De Pluvinel instruisant Louis XIII, sur le cheval Barbe
    De Pluvinel instruisant Louis XIII, sur le cheval Barbe "Le Bonnite"

    En France, c’est à propos du roi Henri III que l’on cite pour la première fois, au plus haut niveau, le cheval Barbe. C’est en effet sur un Barbe qu’il quitta Cracovie, où il était alors roi de Pologne, pour regagner Paris, lorsque la mort de son frère Charles IX, en 1574, lui laissa le trône de France.

    Mais Henri IV va être le premier souverain Français à s’intéresser vraiment aux chevaux Barbes et à leur élevage. Antoine de Pluvinel, Grand Ecuyer du Roi avait découvert cette race en Italie et l’avait introduite dans les écuries du roi : il employait plusieurs Barbes dans son Académie Equestre, et c’est sur un Barbe appelé ‘’le Bonnitte’’ qu’il fit faire au dauphin, le futur Louis XIII, son éducation équestre.

    Dans ‘’Le Manège Royal’’, dont il était l’auteur, plusieurs gravures représentent ‘’le Bonnitte’’. Le Grand Ecuyer en parlait en ces termes : « C’est le cheval le mieux dressé de la chrétienté, et il est le parangon de tous les chevaux de manège du monde, tant par sa beauté, que pour aller parfaitement, de bonne grâce, jusque terre à terre et à courbettes. On lui trouve beaucoup de nerf, de légèreté et d’haleine ; il réussit parfaitement aux allures relevées et dure longtemps. A n’en point douter, le fameux ‘’cheval blanc’’ qu’Henri IV montait dans les grandes occasions, était un Barbe ! ».

    Sous Louis XIV de nombreuses juments Barbes achetées à Moulay Ismail sont mises à la reproduction au Haras royal de Saint Léger en Yvelines. Jacques II, roi d’Angleterre, poursuit la politique de son frère Charles II, et achète à Monsieur Curwen deux étalons Barbes que le sultan du Maroc avait offert à Louis XIV, et dont avait hérité son fils légitime, le Comte de Toulouse : il s’agit de ‘’Curwen Bay Barb’’ et de ‘’Toulouse Barb’’.

    En 1731, le Bey de Tunis offre au jeune roi Louis XV, huit étalons Barbes ; il se sépare de Scham, étalon bai, à l’encolure puissante, qui après beaucoup de vicissitudes sera acheté par Lord Godolphin ; il deviendra ‘’Godolphin Barb’’ et produira avec l’excellente Roxana une extraordinaire descendance dont un des meilleurs chevaux de courses : ‘’Lath’’. Naîtront ensuite, du même père, Cade, Regulus et bien d’autres.

    Ce sont les qualités foncières des Barbes qui, grâce à une sélection sévère par l’épreuve sportive, ont permis aux Anglais de fabriquer le Pur-Sang Anglais. Les pedigrees de Matchem, Herod et Eclipse en apportent la preuve. Le Barbe n’est pas en soi contesté ; dans son ‘’Histoire du Cheval’’ le grand hippologue que fut Ephrem Houel en parle en ces termes : « Le Cheval Barbe a plus de taille que l’Arabe, il a la tête un peu plus longue. Sa poitrine est magnifique, ses membres sont forts et nerveux, son ensemble est merveilleux de grâce et d’élégance. Il a le pied sûr, la course rapide et se plie néanmoins facilement aux travaux les plus compliqués du manège. » Quelques années plus tard, le Général Daumas, écrivait dans son admirable ouvrage ‘’Les Chevaux du Sahara’’ : « Si le Barbe n’a pas les contours arrondis, l’harmonieuse beauté, l’élégance plastique du cheval arabe, on peut dire que ses lignes arrêtées et vigoureuses révèlent d’indiscutables qualités. »

    La grande guerre de 14-18 fut les années de morts et de souffrances ; le peuple français a payé plus que les autres, en Europe, pour la liberté. En cette période comme en 1870, c’est la Cavalerie d’Afrique et son cheval Barbe qui sauvèrent l’honneur des troupes à cheval. Elle offrit à la France la dernière victoire de la guerre : Uskub (Skoplje -Macédoine) ; le 29 septembre 1918. Ce fut la plus belle (car avec capitulation de l’ennemi). Cette cavalerie légère avait le meilleur cheval de selle de guerre de troupe. Après la rupture du front Germano-Bulgare par l’infanterie à Dropopoljé, la brigade de Cavalerie d’Afrique est lancée sur les arrières ennemis, le 21 septembre au soir, par le général en chef. Elle est composée de chasseurs d’Afrique et du régiment de marche des Spahis marocains : 2 000 chevaux Barbes de troupe. Objectif Uskub, nœud ferroviaire derrière le front. La brigade atteindra le Danube où l’arrêtera l’Armistice général, moins de 50 jours plus tard. Mais l’incroyable fut, les 26-27-28 septembre 1918, le raid, par des sentiers de chèvres, de ces 2 000 chevaux à travers les montagnes de Macédoine, culminant à 2 000 mètres.

    Bas-relief, Zouave (Noyonnais) 14-18 - Musée de la Mémoire des Murs et d’Archéologie Verneuil en Halatte
    Bas-relief, Zouave (Noyonnais) 14-18 - Musée de la Mémoire des Murs et d’Archéologie Verneuil en Halatte

    Par ce chef d’œuvre de manœuvre d’infiltrations sur les arrières, cette cavalerie légère investit et prit Uskub le 29 sans coup férir. La retraite de l’armée allemande était coupée, elle capitulera. Ce même jour (29) la Bulgarie demande l’Armistice. Le général Jouinot-Gambetta a écrit « Nos chevaux Barbes se montrent admirables (pour grimper) la terrible pente ». Par anticipation de sa manœuvre stratégique, il avait rassemblé et préparé cette cavalerie dans la région de Monastir en Tunisie. Ces chevaux étaient produits dans les établissements hippiques d’Afrique de Nord.

    Bien au-delà de la tenue des livres généalogiques, le stud-book Belge entend préserver, défendre et promouvoir le cheval Barbe et regrouper tous ceux, éleveurs, cavaliers ou simplement amoureux des chevaux Barbes, qui se passionnent pour cette race. Officiellement reconnue en 2002 par l’Organisation Mondiale du Cheval Barbe (OMCB), l’Association Belge du Cheval Barbe gère en Belgique le stud-book du cheval Barbe pur en étroite collaboration avec la Confédération Belge du Cheval. Haoussa Larzac est la Première jument Barbe à obtenir un titre international. Elle obtient également la médaille de bronze en individuel sous la selle de Sunny Demedy. Elle met ainsi le point d’orgue à la magnifique saison 2003 des chevaux barbes en courses d’endurance. El Shagar Al Shatane est classé second à Montcuq sous la selle de Pierre Olivier. Magnifique course de William Mosconi qui obtient sur Giorgio de Mosc (Barbe pur) la seconde place sur la CEN de le Pertre. Sur les finales nationales jeunes chevaux d’Uzès, à 100 % ce sont des chevaux Barbes qui se qualifient. La race Barbe est la seule à obtenir une telle réussite

    Le Championnat de Belgique du Cheval Barbe est un concours d’élevage organisé par l’asbl Association Belge du Cheval Barbe et est régi par le présent règlement. Le championnat comprend d’une part un concours de modèle et d’allures et d’autre part une expertise d’étalons admis à la monte publique dans le stud-book belge du cheval barbe. L’association sans but lucratif Association Belge du Cheval Barbe, en abrége ABCB.

     






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